Invité par l’Ordre des experts-comptables de Tunisie (OECT), Fadhel Abdelkefi, directeur général de Tunisie Valeurs, a dressé un tableau noir de la situation du pays.
Fadhel Abdelkefi s’est appuyé sur les chiffres pour montrer que le pays a rompu avec les équilibres macroéconomiques. « Aujourd’hui, la dette publique avoisine un taux de 60% du PIB, mais la vraie question à poser est de savoir si cette dette publique est soutenable. Les fonctionnaires de l’Etat ont presque doublé et la masse salariale est passée à 13 milliards de dinars. Les politiciens tunisiens sont en train de faire de la course au populisme en glorifiant l’administration tunisienne », dit-il.
Dire la vérité
Le directeur général de Tunisie Valeurs a appelé les hauts responsables de l’Etat à dévoiler la réalité des choses et à dire aux citoyens tunisiens que le pays n’a plus une marge de manœuvre suffisante en matière de finances publiques.
« Le discours de vérité consiste aussi de dire que le gouvernement tunisien n’a pas besoin de plus 15 ministres qui savent hiérarchiser. Il faut fusionner plusieurs ministères. On ne peut pas tout régler en même temps. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’interlocuteurs vis-à-vis des investisseurs étrangers. On ne peut pas continuer à capitaliser sur ce qu’on appelle « réussite de la transition politique. Nous avons besoin d’un pouvoir beaucoup plus fort », a-t-il ajouté.
Et d’ajouter qu’on a produit une quantité de lois contradictoires dans lesquelles il faut être expert en arabe, expert-comptable et expert financier pour comprendre et donner l’occasion à l’administration d’interpréter à sa guise par des décisions administratives qui n’ont aucune force de loi et appliquées malheureusement à l’économique.
« Aujourd’hui, le paysage économique est composé en grande partie par des entreprises familiales, des entreprises endettées, d’autres surendettées et peu transparentes », a-t-il constaté.
Apport des marchés de capitaux
M. Abdelkefi considère que le marché des capitaux est encore le parent pauvre du système financier tunisien, et ce, par manque de volonté politique. Toutefois, Fadhel Abdelkefi a affirmé que la solution existe. « Elle est dans le marché des capitaux qui peut renforcer les fonds propres des entreprises pour régler la problématique de la transmission des entreprises et donner plus de levier fiscal à l’Etat tunisien parce que une entreprise cotée est beaucoup plus transparente qu’une entreprise non cotée », a-t-il recommandé.
Scénario typique des pays du « tiers monde », desquels le « Zaïm » Habib Bourguiba a vainement essayé de nous en sortir…