Invité de la chaine télé Elhiwar Ettounsi, Chawki Tabib, le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, a fait, dans une déclaration incendiaire, une mise au point sur la situation de la corruption en Tunisie.
Chawki Tabib n’a pas caché son étonnement quant aux déclarations du ministre des Finances, qui s’est exprimé officiellement sur le rôle de l’instance et les missions menées par Chawki Tabib.
M. Tabib a précisé que Slim Chaker avait déclaré qu’il aimerait bien que l’instance ne parle plus mais qu’elle présente des preuves à l’appui.
Sur le même volet, Chawki Tabib a fait savoir qu’il a envoyé des dossiers de corruption relatifs au ministère des Finances à Slim Chaker. « Le ministre a réagi concernant un certain nombre de dossiers et nous attendons encore des réactions concernant d’autres dossiers », indique-t-il. D’après M. Tabib, le ministère des Finances est le ministère le plus touché par la corruption. « Raison pour laquelle, j’ai demandé à Slim Chaker de s’investir dans la lutte contre la corruption », affirme-t-il. Dans le même contexte, il a démenti le fait que le budget de l’Instance soit plus important que celui de quelques ministères.
Chawki Tabib a tenu à démentir des informations l’accusant de faire du chantage auprès d’hommes d’affaires et de quelques ministres : « Que ceux qui détiennent des preuves d’un quelconque chantage se manifestent », précise-t-il.
Cependant, il a indiqué que l’instance a reçu plusieurs dossiers accusant des responsables de l’Etat de corruption, sans pour autant préciser de quoi il s’agissait. Et de révéler que certains de ses propres amis ont des dossiers déposés au sein de l’Instance et qu’ils seront traités conformément à la loi, au risque de perdre ses amis.
Afin de lutter contre la corruption, Chawki Tabib a indiqué qu’il a revendiqué plusieurs fois l’adoption du projet de loi relatif à la protection des témoins et des indicateurs et la mise en place de l’Instance constitutionnelle de la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance.
Revenant sur la situation actuelle, il a estimé que la corruption atteint des proportions importantes en Tunisie et a rappelé que le pays ne doit pas arriver à la situation d’autres pays arabes où la corruption est endémique (cas récurent d’effondrement de bâtiment et d’intoxication alimentaire, etc.).
Le président de l’instance est resté sceptique quant au rôle des trois instances de contrôle relevant de la présidence du gouvernement, étant donné qu’elles dépendent du pouvoir exécutif. Ainsi, il a recommandé d’unifier les trois instances de contrôle en une seule instance appelée l’Instance nationale du contrôle et qu’elle présente ses rapports à l’Assemblée des représentants du peuple.
En ce qui concerne le rôle de l’instance nationale de lutte contre la corruption, il a affirmé qu’elle a fait le tri de 3600 dossiers et a transféré 60 dossiers à la justice.
Les exemples de corruption ne manquent pas. Chawki Tabib, se basant sur un chiffre donné par le ministre de la Santé, a indiqué que les pertes générées par les vols de médicaments des hôpitaux ont atteint 60 MD.
Enfin, il a affirmé l’existence d’une suspicion concernant la STEG. « Il s’agit d’une affaire d’octroi de marché public établi sur mesure pour correspondre aux critères d’une entreprise étrangère », conclut-il.