Intervenant en marge de Tunis Forum, ayant pour thème «Tunisie – ALECA: gouvernance des négociations et résultats de la libéralisation», l’Universitaire Chokri Mamoghli a fait savoir que les dernières statistiques publiées par l’INS ont démontré que le déficit commercial de la Tunisie a atteint 12 milliards de dinars durant les premiers mois de l’année 2016.
A cet égard, il a précisé que ce déficit commercial ne provient pas de nos relations avec l’Union Européenne (UE), mais plutôt de nos échanges avec les autres partenaires qui connaissent, eux-mêmes, un déséquilibre commercial.
Au contraire, à l’issue de la conclusion de l’Accord de libre-échange de 1995, les échanges tunisiens avec l’UE s’affichent en excédent, sans prendre en compte les services ; mais ils se sont limités à seulement trois à quatre pays, contre l’inexploitation du reste de la région.
De leur côté, des centaines d’entreprises européennes investissent de plus en plus en Tunisie, et ce, en tirant profit des bénéfices dudit accord.
Revenant sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), Chokri Mamoghli a estimé qu’il est une opportunité pour la Tunisie, sachant que les deux secteurs concernés par la libéralisation du marché, soit l’agriculture et les services représentent respectivement 11% et 50% du PIB.
Pour le secteur agricole, l’universitaire a dévoilé que pour certaines branches d’activité, la libéralisation immédiate ne pose aucun problème, au contraire elle favorise les exportations, à savoir la pêche, les huiles, l’arboriculture, les dattes, les cultures maraîchères, etc.
Quant au secteur des services, il a mentionné que la libéralisation dépend de chaque mode de prestation. Prenant l’exemple des services transfrontaliers, il est possible, selon ses dires, de consolider certaines activités et réfléchir immédiatement sur leur libéralisation immédiate parce qu’elle sera avantageuse, tels que les services de transport, des assurances et réassurances, de télémédecine, etc.
Idem pour la prestation des services de consommation à l’étranger (tourisme, santé…) qui demandent de procéder à la consolidation de leur libéralisation.
Néanmoins, d’autres prestations de services posent des difficultés de libéralisation, comme les prestations étrangères de services (banques…) et la mobilité des personnes.
Ces derniers font face à ce jour aux problèmes d’obtention de visa et de reconnaissance ou d’équivalence des diplômes.
Dans ce sens, M. Mamoghli a affirmé que ces problèmes doivent être résolus, en premier lieu avec les 27 pays de l’UE, pays par pays, vu que l’accord ne prévoit pas l’octroi de visas aux prestataires de services. Et il faudra entamer par la suite la phase de libéralisation; ce qui pourrait conduire à un blocage total.
En conclusion, notre interlocuteur a fait savoir qu’il faut aligner la législation tunisienne sur la législation européenne dans les plus brefs délais pour donner une dynamique à ces négociations et pourquoi pas clôturer l’année avec sept à huit chapitres examinés sur un total de 12, tout en préservant bien évidemment l’intérêt et la souveraineté de la Tunisie.