Faut-il s’affranchir de l’intérêt électoral pour penser à l’intérêt général? Devra-t-on s’attendre à une participation élevée lors des élections municipales? Quels sont les effets des modes de scrutin sur la vie politique? Et de quel mode de scrutin parle-t-on? Beaucoup de questions demeurent sans réponse.
“Le risque est donc de rendre le pays ingouvernable, si on bascule dans le monde du scrutin majoritaire 50+1”, a souligné le coordinateur général du réseau Doustourna, Jawhar Ben Mbarek.
Il explique : “C’est une question conflictuelle. Nous nous trouvons devant deux choix, entre un mode de scrutin majoritaire et un mode de scrutin proportionnel.”
Il y a deux aspects à prendre en compte. Si on opte pour le scrutin majoritaire 50+1 (la liste qui obtient le plus grand nombre de voix), alors on se retrouve devant une situation catastrophique, à savoir le retour du parti unique. Cependant, dans la mesure où on applique la carte politique issue des résultats de 2014, cela va nous donner un partage à 50% des conseils municipaux entre Nidaa Tounes et 50% Ennhdha. Mais avec la crise politique que traverse Nidaa Tounes, autrement dit l’affaiblissement de son parti, on court un grand risque, celui de voir le mouvement Ennahdha sortir grand vainqueur de ces élections. Il sera premier partout, même avec 20% des voix. Il obtiendra donc la majorité absolue dans toutes les circonscriptions.
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Le mode de scrutin proportionnel
“Il va permettre à la fois une représentativité plus large et constitue un défi pour la scène politique. Mais je m’interroge comment un parti politique peut-il disposer de 8000 cadres qui gèrent les affaires locales et régionales?”, renchérit Jawhar Ben Mbarek. Le deuxième élément comprend la contrainte par rapport à la parité horizontale et verticale qui par un tour de passe-passe a disparu de ce projet de loi. Enfin, un autre élément dont il faudra tenir compte est la représentativité des jeunes.
La loi électorale
En somme, la loi électorale souffre de plusieurs lacunes. Or ces élections sont des élections locales, de proximité. C’est une occasion pour la société civile de participer pleinement, idem pour les notables locaux, les indépendants, les gens impliqués dans la vie locale qui ne sont pas forcément membres d’un parti ou d’un autre.
Et le coordinateur du réseau Doustourna de conclure : “Je pense qu’un système uninominal est la solution adéquate, comme cela se passe dans les pays démocratiques. Cette loi ne sert que les intérêts des partis en lice. J’irais jusqu’à dire que c’est une loi élaborée de manière lobbyiste. D’ailleurs, à ce niveau, tous les partis politiques sont d’accord à l’unanimité sur le choix entre deux modes de scrutin : le mode proportionnel ou le mode majoritaire.”