Le débat sur l’âge légal de départ à la retraite secoue la société tunisienne. Pour certains, le seuil proposé varie de 62 à 65 ans. Pour d’autres, il est question de maintenir l’âge de la retraite à 60 ans. Qu’ils soient syndicalistes, membres de la centrale ouvrière, ou citoyen, chacun adopte une position bien tranchée.
Dans le cadre d’un débat récemment organisé, des centaines de travailleurs se sont rassemblés et ont donné de la voix pour dire non à la prolongation de l’âge de départ à la retraite.
Quelle est la situation de la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance sociale (CNRPS)? La situation serait-elle catastrophique?
Selon une étude récente, le déficit cumulé s’est élevé à 996 millions de dinars au cours des dix dernières années, soit une moyenne par an de 99,6 millions de dinars jusqu’à 2014 ; alors qu’en 2015, il est fait état de 374,8 millions de dinars.
L’avenir des régimes de retraite se trouve au cœur du débat
Inciter les salariés à travailler jusqu’à 62 ans permettra-t-il de compenser le déficit des caisses sociales? Dans cette période de crise économique, les retraités verront-ils fondre leurs économies? L’âge de la retraite varie déjà de 55 ans pour les métiers pénibles, à 60 ans pour les autres, en Tunisie. Alors que la France et l’Allemagne ont opté pour un départ à la retraite respectivement à 65 et 67 ans.
En 2014, le nombre des retraités dans le secteur privé s’élevait à 671 648 (travailleurs affiliés pour la plupart à la CNSS) et 304 391 dans le secteur public (les fonctionnaires affiliés à la CNRPS), nous a déclaré Kamel Maddouri, directeur général de la Sécurité sociale.
Parmi les causes de cette crise, le croît démographique et partant l’allongement de l’espérance de vie qui ont multiplié le nombre des retraités ces dernières années : entre 16 et 17 000 par an. Par comparaison, dans les années 80, le nombre des retraités ne dépassait guère les 3000 à 3500 par an.
Par ailleurs, d’après une étude menée par le Centre de recherches et d’études sociales, outre la
dégradation de la situation financière des caisses sociales, le plafonnement des pensions pour certaines catégories de travailleurs est également pointé du doigt.
De plus, le nombre des retraités étant en évolution constante, il a fini par dépasser le nombre des actifs cotisants. Il va sans dire qu’une telle situation a engendré une baisse de la masse des cotisations perçues par les Caisses : les cotisations s’élèvent à 300 millions de dinars par mois, alors que la masse globale des pensions servies est estimée à 324 millions de dinars par mois.
C’est pourquoi, pour faire face à ce déficit, l’augmentation de l’âge de départ à la retraite semble être la solution la plus logique. Il faut espérer que l’issue des débats qui foisonnent autour de la question apportera la bonne réponse.