Dans le cadre d’un débat organisé récemment à Tunis, Fadhel Abdelkefi, Directeur Général de Tunisie Valeurs a affirmé que l’économie tunisienne se traite aujourd’hui dans une sorte de normalité, au moment où la liquidité du marché pose de gros soucis.
D’ailleurs, la Banque centrale de Tunisie (BCT) intervient quotidiennement en injectant 6,5 milliards de dinars dans le système bancaire tunisien, contre 1,5 milliards de dinars avant la révolution.
Face à cette situation, une guerre économique, où il faut utiliser toutes les armes, s’impose pour une ouverture des comptes et un assouplissement des changes. Sachant qu’il y a des milliards d’euros d’avoirs de Tunisiens résidents en Tunisie qui sont à l’étranger.
Il est grand temps de copier le modèle marocain qui a fait gagner au marché marocain environ cinq milliards d’euros en seulement deux ans. En effet, si on commence à traiter les sujets de grandes importances, le pays peut s’en sortir et la dette tunisienne ne posera plus de problèmes.
Dans ce sens, M. Abdelkefi a estimé qu’en Tunisie le potentiel est énorme et que les investisseurs étrangers veulent investir, mais que les lois sont incompréhensibles et se contredisent.
Pour ce faire, notre interlocuteur a indiqué qu’il faut la volonté politique de financer l’économie, et ce, en développant, en priorité, la Bourse de Tunis qui régit trop de règlementation. Avec une capitalisation boursière qui est aujourd’hui de 19,6 milliards de dinars, représentant 24% du PIB tunisien, elle ne finance que 7% de l’économie contre 93% pour les banques; et avec seulement 78 sociétés cotées et des secteurs productifs comme l’agriculture, l’énergie et les télécoms qui ne sont pas représentés, le marché ne pèse rien et ne peut pas se développer.
Comparativement à des pays voisins comme l’Egypte et le Maroc, le marché des capitaux tunisiens est largement en dessous de la moyenne. Il est même le dernier marché arabe à être fermé à 50%. L’ouverture aux étrangers est nécessaire aujourd’hui pour servir à recapitaliser les entreprises tunisiennes, consolider les groupes familiaux et avoir recours à la privatisation en faisant appel à l’actionnariat populaire et non plus au contribuable.
Au final, Fadhel Abdelkefi n’a pas manqué de mentionner qu’en Tunisie, il n’y a quasiment pas de volonté politique de développer et dynamiser le marché des capitaux. Il en résulte que nous avons peu de Bourse et que nous ne sommes pas un «investment market».