Le groupe parlementaire du Front populaire présentera, prochainement, lors d’une conférence de presse, son projet de loi relatif à l’audit de l’endettement extérieur de la Tunisie, mardi 21 juin 2016.
Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com Fathi Chamkhi a expliqué qu’il s’agit d’un projet de loi fait par le groupe parlementaire du Front populaire. Son objet est de faire l’audit de la dette publique de la Tunisie et des dettes des entreprises publiques garanties par l’Etat à partir de juillet 1986. Notre interlocuteur a indiqué que le choix de la date ne doit rien au hasard car elle coïncide avec l’ajustement structurel signé avec le FMI quand Rachid Sfar était aux responsabilités à nos jours.
Par ailleurs, l’initiative en question n’est plus celle du Front populaire étant donné que plusieurs groupes parlementaires ont rejoint l’initiative en co-signant le projet de loi. Et d’affirmer qu’il existe une certaine union générale autour de l’initiative : « Tous les groupes parlementaires, Nidaa Tounes, El Horra, Afek, UPL, ont signé à l’exception du groupe parlementaire du mouvement Ennahdha. Celui-ci en a été tenu au courant mais n’a pas encore répondu à l’initiative ». Silence qui a été interprété comme un refus par notre interlocuteur.
Pour Fathi Chamkhi, il ne s’agit pas d’être pour ou contre l’endettement mais de faire la lumière sur. L’endettement est une question très importante, il s’agit de plusieurs milliards de dinars qui se sont accumulés depuis des années. Il a considéré que l’audit lui-même est un mécanisme très important de la transparence financière. « Je ne vois pas pourquoi, ceux qui n’ont rien à cacher soient contre le projet », estime-t-il. Et d’indiquer que le projet de loi sera mis à la disposition des journalistes en version arabe et version française.
Répondant aux économistes qui reprochent au Front populaire l’utilisation du terme « Dettes de Ben Ali » et non dettes de la Tunisie », Fathi Chamkhi a indiqué qu’il est légitime que le Front populaire utilise le terme « Dettes de Ben Ali » parce qu’il considère que l’administration qui manipule l’argent de la dette n’est pas neutre. « L’appareil politique n’est pas neutre quant à l’argent de la dette qui constitue une masse colossale d’argent. Comme il s’agit d’un État dictatorial, les mécanismes de contrôle et les institutions ne peuvent pas jouer leur rôle comme il se doit », dit-il avant de continuer : « Même la Banque mondiale avoue qu’ il faut un certain nombre de critères et de mécanismes pour instaurer la bonne gouvernance. Comment se fait-il que les défenseurs de la gouvernance et de la transparence sont réticents à un audit de la dette ? ».
Par ailleurs, les solutions ne manquent pas. En effet l’audit de la dette est la première étape : « Au départ nous avons des présomptions puisque qu’une bonne partie de la dette s’est accumulée sous un État qui n’est pas démocratique raison pour laquelle la dette doit faire l’objet d’un audit complet et approfondi. S’il s’avère qu’il n’existe aucun dépassement tant mieux, et nous disons que l’Etat tunisien a bien fait son travail malgré la dictature. Cependant, s’il s’avère qu’une dette qu’on qualifiera d’odieuse a été contractée en contradiction avec la loi tunisienne, un rapport sera soumis à l’ARP, au chef du gouvernement et à la Présidence de la République pour prendre les mesures nécessaires ».