Alors qu’un peu partout à travers la planète, le réchauffement climatique continue à faire des siennes (il a fait 51° en Inde), en Tunisie, Dame nature s’évertue à jouer les capricieuses, au propre comme au figuré, en alternant tous les contraires : une fois, c’est très chaud durant la journée, de quoi vous assommer, une autre fois, c’est frisquet la nuit tombée, lorsque tous les chats sont gris, de quoi vous donner des frissons.
A ce jeu, les Tunisiens n’ont pas leur pareil, surtout depuis que l’histoire a tourné. Difficile de s’y retrouver. Alors, quand en plus, l’Etat ou ce qu’il en reste, lui aussi, fait tout pour vous décourager, la boucle est bouclée, et il n’y a plus qu’à rendre son tablier et présenter sa démission.
En toute simplicité. C’est ce que s’apprête à faire d’ailleurs le chef du gouvernement Habib Essid, mais pour des raisons autres, vous l’aurez deviné. Bientôt, on parlera de M. Essid au passé, mais qui sait ? Vive un gouvernement d’union nationale, et c’est le président Essebsi qui l’aura juré. Jamais à court d’arguments, jamais à court d’idées, notre cher président, qui a toujours eu plus d’un tour dans son sac.
Le chef du gouvernement l’aura appris à ses dépens. Et puis, disons-le : notre haut commis de l’Etat n’a pas fait grand-chose pour rester dans le tempo, ce qui ne pardonne pas quand on veut s’essayer à cette coupeuse de têtes qu’est la politique. Il pourra toujours nous dire que c’est Lagardère qui est venu à lui. Libre à lui de le souligner. Et voilà qu’on recommence à parler de figures qu’on croyait rangées quelque part dans un placard bien soigné, mais non, je dois me raviser, d’où cette folle envie de démissionner.
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Je suis sûr que mes chers concitoyens partagent avec moi cette envie. Une démission collective pour réveiller des morts-vivants, ça, c’est une bonne idée ! Bien sûr, cela ne va pas empêcher pour autant nos amis les bêtes chiens et chats errants, repus cela s’entend, de continuer en toute impunité (il le faut bien !) à hanter notre quotidien. Dernier avatar d’un prestige étatique perdu en cours de route et qui attend qu’on veuille bien le ramasser, ces étranges et inexcusables atermoiements face aux provocations répétées d’un parti extrémiste et décadent, Hizb Ettahrir.
Je me demande jusqu’à quand les autorités vont continuer ce jeu à haut risque, du chat et de la souris, renvoyant une image déjà bien chahutée. Et dire que certains bien-pensants sont encore à s’interroger sur le bien-fondé d’une dissolution ! Interdit d’interdire ?
La belle affaire. Ce qui ne m’empêche pas tout de même d’être abasourdi, quand j’entends les magistrats dire qu’ils voient, dans le maintien de la décision d’interdire M. Ridha Belhaj et ses acolytes de tenir leur congrès annuel, un signe du retour à la dictature, comme si cela ne suffisait pas. En tout cas, entre hors d’atteinte et hors d’état de nuire, j’ai fait mon choix.
On dit que la nature a horreur du vide. Très juste ; mais on a tendance à oublier qu’elle révulse également tous les excès et le pays est bien dans cette configuration. Quand je vois que tout s’envole, les prix, les impôts, le chômage, l’endettement, et que sais-je encore, je me dis que dame patience a encore bien du chemin à faire !