La corruption est un fléau mondial. Qu’elle soit politique, économique, ou autre, elle met le processus de la justice transitionnelle en péril et nuit à l’Etat de droit. En Tunisie, la corruption a augmenté après le 14 janvier, un constat que beaucoup d’experts confirment. Mais que faut-il faire pour lutter efficacement contre ce phénomène?
Rencontré à l’issue de la conférence de presse tenue hier à l’ARP, Kamel Ayadi, ministre de la Fonction publique, de la gouvernance et de lutte contre la corruption, estime que la solution consiste à mettre en place une stratégie nationale de lutte contre la corruption.Il explique : « Il faut qu’elle soit construite autour de deux axes principaux. Le premier comprend la réforme de la gouvernance des services publics. D’ailleurs, nous avons mis en place le redéploiement des structures du contrôle, mais il faut aussi renforcer la fonction de contrôle de l’Etat au niveau des institutions et améliorer leur rendement pour obtenir une indépendance fonctionnelle. »
Il poursuit : « Quant au second axe, cela concerne la révision de la réforme des entreprises publiques, c’est-à-dire la réhabilitation des administrations, la nomination d’administrateurs indépendants, la séparation entre les fonctions de contrôle et de gestion. »
Interrogé sur les dispositions que le gouvernement est prêt à introduire pour lutter efficacement contre la corruption, Kamel Ayadi a répondu : « Nous sommes en train de mettre en place des mécanismes de prévention à travers des textes de lois. »
Il ajoute : « Précédemment, nous avons adopté une loi relative à l’accès à l’information, l’une des meilleures lois au monde. Mais voilà qu’à ce jour cette loi n’est malheureusement pas appliquée dans les entreprises et qu’une autre relative à la dénonciation sera prochainement discutée à l’ARP. Nous espérons qu’elle ne connaitra pas le même sort que la précédente. »
Les approches sectorielles mises en place
« Nous avons choisi trois entreprises. Notre premier choix s’est porté sur la 3T (Agence technique du transport terrestre). Quant aux deux autres entreprises, les discussions sont en cours. Le principe est simple : nous certifierons ces trois entreprises à la norme anti-corruption, plus connue sous le nom d’ ISO37001. C’est une norme internationale de lutte contre la corruption conçue pour aider les organismes à mettre en œuvre des mesures efficaces de prévention. En somme, il s’agit d’une approche qualité. Autrement dit, nous passerons d’une approche de qualité totale à une approche d’intégralité totale. »
Avec cette norme peut-on garantir l’absence de corruption, ou du moins en réduire en grande partie le risque? Le débat ne fait que commencer.