L’Assemblée des représentants du peuple vient d’adopter, hier en plénière, les projets de lois n°50 et 60 de l’année 2016, permettant la prolongation de la durée de l’exploitation des permis au groupe franco-britannique-bahaméen Perenco pour les deux villes de Médenine et Douz.
Une bonne partie des députés considèrent que la corruption gangrène le secteur de l’industrie pétrolière. Un constat que confirme Ridha Zghondi, député de Nidaa Tounes, qui déclare qu’il y a beaucoup de corruption dans le domaine pétrolier, évoquant par la même occasion les rapports de la Cour des comptes sur le nombre d’infractions financières relevées concernant notamment la société pétrolière Perenco.
Pour Zouhair Maghzaoui, du Mouvement du peuple, Perenco a transféré un gaz non purifié à la STEG pour la somme de 20 millions de dinars; et de s’interroger sur le pourquoi de la prolongation des contrats avec cette société.
Même étonnement de la part de Zied Lakhdhar, député du Front populaire, qui lui aussi ne comprend pas les raisons qui ont poussé cette société pétrolière à insister sur la prolongation de la durée de l’exploitation. Il a ajouté : « La société pétrolière demande une prolongation de contrat de 15 ans selon le décret beylical. »
Samia Abbou a souligné que le rapport de la Cour des comptes a révélé un certain nombre d’infractions financières de la part de cette société pétrolière. Elle précise à cet effet : « On aurait dû présenter une demande pour suspendre le contrat et non pas une prolongation du contrat. »
D’autres députés ont souligné l’importance d’un cadre juridique unifié afin de préserver les intérêts du pays contre la suprématie des industries pétrolières.
Face à de telles interrogations, Mongi Marzouk, ministre de l’Energie et des mines, n’a pas nié en bloc l’existence de corruption dans le secteur pétrolier, mais il a souligné : « Oui, il y a de la corruption dans le domaine pétrolier, mais on a tendance à l’amplifier vu que les sommes d’investissements sont toujours importantes. D’ailleurs, il existe plusieurs commissions pour l’examen des contrats et nous serons toujours ouverts aux experts et aux députés. »
Sur un autre volet, concernant la production de l’énergie, la Tunisie devrait changer ses stratégies et encourager les énergies renouvelables, a-t-il ajouté.
Que sait-on de Perenco?
Perenco, groupe franco-britannico-bahaméen est l’un des plus gros groupes pétroliers indépendants, avec une production mondiale de 210 000 barils de pétrole par jour (CA : près de sept milliards de dollars), mentionne le rapport CCFD-Terre Solidaire.
Partout où Perenco opère- en Tunisie, au Guatemala, en Équateur, au Pérou, en Colombie, ou encore en République démocratique du Congo- les controverses ne tardent pas à suivre.
Dans son rapport, plusieurs enquêtes ont été menées sur le plan environnemental. On parle d’une dégradation environnementale et d’une forte pollution, soulignant entre autres l’opacité, l’impunité des entreprises concernées, les atteintes à l’environnement et aux droits des populations, … retombées qui semblent négligeables face au développement.