La Banque centrale de Tunisie (BCT) a dressé, dans une note publiée hier, une batterie de mesures urgentes nécessaires pour faire face, à court terme, à la dépréciation du dinar.
Au terme des cinq premiers mois de l’année 2016, le cours du dinar par rapport au dollar a baissé de 3,9% et de 5,8% par rapport à l’euro, soit un repli moyen estimé à 4,6% par rapport à l’euro et au dinar.
Cette grave dépréciation est expliquée, selon la BCT, par une aggravation du déficit entre l’offre et la demande de devises étrangères. D’ailleurs, les dernières évolutions enregistrées dans la valeur du dinar reflètent la réalité de l’offre et de la demande sur le marché des changes qui fait l’objet d’un suivi de la BCT.
S’inscrivant dans le cadre de son appui aux politiques économiques et objectifs tracés dans le budget 2016, la BCT a envisagé de rationaliser les dépenses et les transferts en devises, et ce en respectant les plafonds de ces dépenses au titre des opérations courantes et des opérations d’investissement et en n’accordant pas d’autorisations exceptionnelles au titre du tourisme, d’études, de voyages d’affaires, de voyages de groupes ou encore pour effectuer le petit pèlerinage (Omra).
Ainsi, elle a décidé de se coordonner d’avance avec les ministères concernés sur les dépenses des artistes, joueurs et entraineurs étrangers, et de reporter certaines mesures qu’elle compte prendre pour l’assouplissement de la réglementation des changes, notamment celle de l’ouverture des comptes de capitaux.
Il s’agit, de même, de renforcer le contrôle des opérations courantes par les autorités concernées (aux frontières et à travers le système bancaire), en ce qui concerne le contrôle technique, la régularisation des opérations du commerce extérieur et la récupération des recettes en devises provenant de l’exportation.
Dans le même sillage, la BCT envisage la rationalisation des crédits à la consommation étant liés aux importations des produits de consommation, et ce en réexaminant les conditions de financement par les établissements de crédits, et l’incitation des banques à utiliser les ressources provenant des lignes de financement extérieur disponibles pour financer les opérations d’importation.
Elle envisage également l’interdiction de l’utilisation de dépôts des comptes professionnels dans les banques, en tant que garanties pour les crédits en dinar, ainsi que l’allègement de la pression sur le marché des changes, en vérifiant l’efficacité des opérations sur ce marché.
Dans ce sens, l’institution a décidé de renforcer le contrôle des opérations de changes à terme, en prévention des risques de change, y compris dans les banques, pour vérifier que ces opérations s’appuient sur des transactions économiques déclarées.
Afin d’attirer plus de devises étrangères et lutter contre le marché parallèle des devises, la BCT compte accélérer la publication des textes d’applications relatifs aux bureaux de change privés, intégrés dans la loi de finances complémentaire pour l’exercice 2014.
S’agissant du renforcement des recettes touristiques, la BCT a décidé l’introduction des devises non convertibles dans les contrats touristiques, et ce dans le cadre d’accords gouvernementaux, prévoyant notamment des opérations de «clearing» entre les banques.
Parmi les mesures urgentes de la BCT visant à attirer des ressources extérieures auprès des Tunisiens résidant à l’étranger, figure l’incitation des banques à internationaliser leurs activités dans le domaine du transfert d’argent, en s’orientant vers les marchés européens et offrant des services de transfert de fonds au profit de la colonie tunisienne à l’étranger, tout en concluant un partenariat avec les banques européennes selon la formule « Agent de paiement et de transfert ».
Toutefois, elle a décidé d’augmenter le taux de la rémunération des dépôts en devises auprès des banques tunisiennes au profit des Tunisiens non résidents, avec des conditions incitatives pour ces banques, dans le cadre du marché monétaire en devises et en dinar.
Au final, la BCT prévoit, selon sa note, que les banques tunisiennes, filiales d’établissements bancaires étrangers, exploitent le réseau des filiales de ces banques en utilisant le mécanisme de « bi-bancarisation », et ce afin de permettre à la colonie tunisienne de bénéficier d’avantages préférentiels lors de la réalisation des opérations de change.