Le rapport sur l’emploi 2016, élaboré par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), réaffirme de nouveau l’inadéquation entre les besoins du marché de l’emploi et la formation reçue à l’université. Annoncé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse, le rapport donne à réfléchir sur la situation de l’emploi et l’avenir d’un certain nombre de spécialités littéraires et en sciences humaines.
L’étude a ciblé 10 300 diplômés de l’enseignement supérieur dont le dernier diplôme a été obtenu durant la période qui s’étale entre 2011 à 2015 et 480 entreprises dont 403 dont les réponses ont été retenues. En ce qui concerne les entreprises, les méthodes de collecte des données se basaient sur des entretiens face-to-face. Le comité de travail s’est dirigé vers les établissements universitaires mais ces derniers n’ont pu lui fournir les coordonnées de leurs diplômés, uniquement les cartes d’étudiant et les CIN. Raison pour laquelle, des formulaires en ligne ont été lancés sur le réseau social Facebook que les étudiants n’ont pas manqué de remplir. « C’est pourquoi nous avons eu recours à cette méthode. Le réseau social Facebook nous a beaucoup aidés », affirme Faycel Derbal, porte-parole de l’IACE.
En ce qui concerne les entreprises, l’étude révèle qu’il y a un besoin urgent de créer 145 000 postes dans plusieurs spécialités. Ainsi, il existe des postes qui demeurent non pourvus faute d’avoir trouvé le profil adéquat. « L’absence de profils compétents et adéquats ne fait qu’aggraver le chômage », regrette-t-il.
Dans le même contexte, il a rappelé que l’IACE a estimé que depuis l’étude de 2012, les postes existants non pourvus ne font qu’augmenter pour atteindre actuellement le chiffre de 120 000. D’après la même étude, les spécialités en manque de profil se situent au niveau des ouvriers qualifiés et même ceux non qualifiés dans une industrie de type process, à l’instar de l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique et autres. Ainsi pour l’intervenant, il faut revoir l’adéquation entre le système universitaire et le marché du travail.
La même étude a estimé que pour les prochaines années, le nombre total entre opportunités de travail et les postes vacants actuellement pourrait atteindre 270 000 postes d’emploi.
Par ailleurs, l’étude est revenue sur le délai d’attente pour avoir le profil nécessaire. L’étude indique que dans un certain nombre de cas, l’entreprise peut attendre trois ans pour trouver le profil correspondant au poste vacant. Le délai d’attente demeure variable d’une zone à une autre. Pour le cas de Kairouan, par exemple, le délai d’attente est aux alentours de 24 mois, Gabès 18 mois, pour le Grand Tunis, le délai d’attente avoisine un an. A titre d’exemple, le délai d’attente pour trouver un profil adéquat dans l’industrie des chaussures pourrait atteindre 36 mois. 26% des entreprises sondées ont affirmé qu’elles ont perdu des marchés à cause de ce long délai d’attente.
Qu’en est-il pour les diplômés de l’enseignement supérieur?
En ce qui concerne le délai d’attente de la première intégration dans l’environnement professionnel, la moyenne du délai d’attente est de 30,4 mois, selon l’échantillon utilisé par l’étude (ISET et LMD uniquement). Six ans dans un certain nombre de cas. « Ce qui est encore plus étonnant, c’est que les filières qui génèrent des chômeurs existent encore dans le guide d’orientation universitaire, alors qu’elles devraient être définitivement supprimées. » Quant au délai d’attente en ce qui concerne les diplômés de l’enseignement supérieur : 87% d’entre eux ont un délai d’attente qui varie entre un an à quatre ans, ce qui incite à revoir le guide d’orientation.
Faycel Derbal a indiqué que les établissements universitaires doivent veiller à faciliter l’intégration professionnelle de leurs étudiants et ce par les associations d’anciens étudiants et les mutuelles. Et de plaider pour que l’université assure un suivi de son diplômé. « Nous lançons un appel aux universités afin qu’elles assument leur rôle pour créer les organismes capables d’assurer ce suivi », dit-il.
A la question de l’Economiste Maghrébin de savoir quel serait l’avenir des sciences humaines et des sections littéraires à la lumière de cette étude, Faycel Derbal a répondu : « C’est à revoir, il n’est pas question de les supprimer mais plutôt de les adapter aux besoins du marché du travail », conclut-il.
Les résultats définitifs de l’étude seront présentés fin août. Et pour la première fois, l’IACE mettra en ligne un guide d’orientation mentionnant les délais d’attente de chaque section.
Retrouvez les délais d’attente par université pour trouver du travail