Maghreb Economic Forum a organisé une table ronde intitulée « Les énergies renouvelables : un gisement de croissance et de création d’emplois à exploiter par la Tunisie » à travers laquelle, des recommandations ont été présentées pour la promotion des énergies renouvelables.
Cette table ronde a pour objectif de mettre face à face les différents acteurs concernés (experts, professionnels, représentants de la société civile) et les décideurs tunisiens (ministère de l’Energie et des Mines, ministère de l’Industrie, ANME, parlementaire) afin de débattre du sujet. Le directeur de recherche, Aram Belhadj, s’explique.
leconomistemaghrebin.com : Pourriez-vous nous parler de la table ronde « Les énergies renouvelables : un gisement de croissance et de création d’emplois à exploiter par la Tunisie » ?
Aram Belhadj : Cette table ronde intervient après trois workshops régionaux, organisés par Maghreb Economic Forum à Gafsa, Tunis et Tataouine. L’objectif de ces workshops est d’identifier les différentes problématiques auxquelles le secteur des énergies renouvelables fait face. Donc la table ronde d’aujourd’hui est celle de la clôture. Elle essaie de clôturer le travail qui a été fait pendant les précédents workshops. Je note que pendant les trois workshops en question, nous avons recueilli les recommandations nécessaires et avons identifié les problématiques. Ainsi, aujourd’hui, il est question de tester le degré d’application et l’efficacité des recommandations afin de rédiger un Policy brief.
Je tiens aussi à rappeler que les trois workshops et la table ronde de clôture s’inscrivent dans le cadre d’un travail mené avec des partenaires allemands dans le cadre d’un projet intitulé « Jobs for Tunisia ».
La finalité de ce projet est d’identifier les crénaux porteurs de croissance et créateur d’emplois et au sein de Maghreb Economic Forum nous avons identifié trois secteurs porteurs, à savoir l’agriculture, les énergies renouvelables et les technologies de l’information. À travers la table ronde, nous exposons le bilan aux décideurs politiques et économiques.
Et il s’agit de quel genre de recommandations ?
Nous nous sommes penchés sur deux volets à travers notre événement: le premier est la gouvernance et le financement et le deuxième volet concerne les axes de la formation, de l’emploi et des infrastructures. En ce qui concerne les recommandations relatives au financement et à la gouvernance, il s’agit d’un besoin de plus de visibilité économique pour les différents acteurs du secteur des énergies renouvelables en Tunisie, l’application de la nouvelle loi n° 12-2015, la facilitation de l’accès au financement étant donné l’existence de problèmes de financement et également, il existe un problème de manque d’implication des institutions financières dans les projets d’investissement.
Il existe aussi une recommandation relative à la formation car il y a nécessité de trouver une plate-forme de coordination entre les différents intervenants. Une problématique de communication se pose. Raison pour laquelle il est important de multiplier les ateliers dans les régions pour les impliquer davantage dans le développement des énergies renouvelables. Il est tout aussi important d’impliquer la société civile en créant à cet effet des instances de dialogue et de débat.
De même, nous recommandons le développement de l’infrastructure électrique, notamment au niveau des régions, et ce, à travers :
– L’identification et la planification des actions de mise en place des infrastructures électriques nécessaires au niveau des régions disposant de grandes potentialités d’énergies renouvelables ( il est à noter que cette action figure dans la loi n°2015-12)
– La finalisation des études relatives aux stations de pompages/turbinages et la planification de la mise en place de ces stations
– L’expérimentation et la mise en place de réseaux électriques intelligents dans le cadre de projets de démonstration pour maîtriser leur technologie, ce qui permettra d’avoir le retour d’expérience nécessaire pour planifier l’intégration de ces réseaux dans le système électrique à plus grande échelle.
De nos jours, on parle beaucoup des énergies renouvelables. Quel est l’intérêt ? Ce secteur a un potentiel énorme mais les réalisations sont encore timides. Il s’agit en fait de trouver des mécanismes adéquats pour la réalisation de ces projets. Les énergies renouvelables sont un gisement formidable de croissance et de création d’emplois. Elles ne représentent toutefois qu’une option à l’échelle des réponses possibles aux changements climatiques.
Notre voisin le Maroc a fait des avancées considérables dans ce domaine. Et si on faisait une comparaison entre la Tunisie et le Maroc ?
D’abord, il faut savoir que le Maroc jouit d’une bonne stabilité politique qui lui a permis de mettre en place des mécanismes efficaces dans l’accélération des procédures législatives, ce qui n’est pas le cas de la Tunisie.
De plus, le gouvernement marocain accorde des incitations fiscales aux entrepreneurs et l’aspect formation est en train d’être amélioré. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que les investisseurs étrangers s’intéressent beaucoup plus au Maroc qu’à la Tunisie. Donc en Tunisie, il faut d’abord résoudre le problème de la formation, celui de la gouvernance et de la communication pour essayer de rattraper le retard et faire une avancée significative en matière d’énergies renouvelables.
Quelle suite pour la l’examen des recommandations ?
Au sein de Maghreb Economic Forum nous assurons le suivi de nos tables rondes et de nos événements. Nous allons essayer de mettre en œuvre les recommandations en collaboration avec les décideurs et l’Assemblée des Représentants du Peuple et trouver des mécanismes adéquats pour l’exécution de ces recommandations (médias, collaboration avec la société civile, lobbying…).
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