« Boycotter les hôtels tunisiens est un devoir national sacré ». Voici entre autres un slogan qui a incité la Fédération tunisienne de l’hôtellerie à tenir une conférence de presse au siège du ministère du Tourisme, pour revenir sur la campagne de dénigrement, lancée récemment sur les réseaux sociaux contre les hôtels tunisiens.
La campagne en question n’a pas épargné les hôtels tunisiens en taxant leurs propriétaires de tous les noms et incitant les Tunisiens à les boycotter. Rehaussé par la présence de Radhouane Ben Salah, président de la Fédération et la ministre du Tourisme, la conférence de presse s’est déroulée dans un climat serein. Malgré la férocité de la campagne, Radhouane Ben Salah semble bel et bien avoir préparé des arguments qui plaident pour le tourisme intérieur et la défense des efforts fournis par les hôtels.
Ainsi, il a rappelé que le tourisme intérieur est la première source de revenus pour le tourisme tunisien, notamment après le début de la crise touristique. A preuve, 2015 a enregistré cinq millions de nuitées à l’actif du tourisme intérieur qui est sans conteste le premier marché pour le tourisme tunisien.
Pour lui, l’intérêt particulier que la FTH voue au secteur se manifeste dans la campagne de sensibilisation entamée au profit des clients tunisiens. Il s’agit de sensibilisation au niveau de l’accueil du client tunisien, afin de lui offrir les meilleures commodités. Revenant sur l’importance de l’accueil, le président de la FTH a estimé qu’une bonne qualité d’accueil peut inciter le client à oublier d’autres imperfections.
De même, la Fédération tunisienne a fait des recommandations pour que la nourriture dans les hôtels tienne compte des différents goûts des Tunisiens. Que l’horaire du petit déjeuner, par exemple, qui se situe normalement entre 6h et 9h, soit étendu à 11h et ce dans l’objectif de s’adapter aux habitudes du client tunisien. D’autres recommandations ont été données aux hôtels pour aménager des espaces de jeux à l’intention des enfants.
De même, la FTH a demandé aux professionnels du secteur d’adapter les prix au pouvoir d’achat des Tunisiens. A cet égard, Radhouane Ben Salah a rappelé que les prix varient selon la période, le nombre de jours et la catégorie de l’hôtel. En hiver, les prix ne dépassent guère les 50 dinars en demi-pension dans un hôtel trois ou quatre étoiles pour atteindre 70 dinars.
Afin d’inciter les Tunisiens à être plus présents dans les hôtels pendant les week-ends, l’hiver et les vacances, des offres plus diversifiées sont à étudier. De même, pour une meilleure organisation du secteur, il faudra persuader les clients tunisiens à effectuer leurs réservations plus tôt et ce pour éviter la flambée des prix.
Revenant sur une « idée reçue », le président de la FTH a démenti que le coût du séjour dans les hôtels revient plus cher aux touristes locaux si on le compare à celui payé par les touristes étrangers. Il estime que la différence est minime. Il va sans dire que lorsque les agences de voyages effectuent des réservations de toutes les chambres pendant des périodes bien déterminées, cela engendre une diminution du prix, explique-t-il.
Quant à certains hôtels bien particuliers, généralement fréquentés par une clientèle d’une certaine catégorie sociale, ce genre d’hôtel refuse de réviser ses prix, étant donné le rapport qualité-prix.
Revenant sur la campagne de dénigrement lancée par les utilisateurs du réseau social Facebook, Radhouane Ben Salah a indiqué que « c’est une campagne qui nous a dérangé particulièrement parce qu’elle véhicule de fausses informations », affirme-t-il. Ceux qui parlent de 50 euros pour toute la semaine pour les touristes étrangers et d’une nuitée à 600 dinars pour le Tunisien ne sont pas crédibles. Et de s’ interroger indigné : « Comment se fait-il qu’on laisse dire que c’est un devoir de boycotter un produit économiques tunisien, alors que c’est plutôt un devoir d’aider son pays surtout en période de crise ? », s’insurge-t-il.
Par ailleurs, la fédération a prévu des formations à l’intention du personnel hôtelier en vue d’améliorer leur niveau, notamment en ce qui concerne l’accueil des touristes. A cet égard, des formations seront lancées pour l’apprentissage de la langue russe, pour améliorer la communication avec les touristes russes. De même, des recommandations ont été données de préparer des pancartes dans cette langue. « Les touristes russes sont des touristes qui dépensent mais qui sont en contrepartie très exigeants », souligne-t-il.
Qui est derrière cette campagne honteuse, s’interroge leconomistemaghrebin.com ? « Je ne saurais vous dire. Nous subissons des attaques depuis 2011 sous différentes formes », réplique-t-il.