Un différend territorial en Mer de Chine méridionale devient une préoccupation géopolitique pour les dirigeants mondiaux. Les responsables chinois reconnaissent que leurs relations avec les É-U pourraient être affectées. Toutefois, la Chine persiste et signe, étant résolue à revendiquer sa présence au sud dans presque 80% de la Mer de Chine, un droit qui lui était attribué à la fin de la guerre avec le Japon en 1945.
La déclaration de Pékin inquiète les pays voisins qui s’interrogent sur la légitimité de ces revendications, au moment même où les Philippines, le Vietnam et la Malaisie réclament, elles aussi, une souveraineté territoriale sur ces eaux. Faut-il souligner que la Mer de Chine méridionale représente 3 trillions de dollars en commerce international, environ la moitié de la marine marchande mondiale et le tiers des exportations mondiales en pétrole ? Un enjeu majeur et crucial pour les échanges commerciaux en Asie pacifique.
Du côté de Washington, les É-U disposent actuellement d’une présence dans la région en vertu du droit international et conformément au principe de la liberté de navigation, ainsi que pour la protection de leurs alliés dans la région. À la lumière de cette position, le vice-ministre des Affaires étrangères chinois, Zhang Ming, avait affirmé que les États-Unis seraient bien avisés de ne pas continuer à provoquer Pékin en Mer de Chine méridionale sans s’attendre à des représailles, car la Chine interprète une telle implication des États-Unis comme une provocation militaire.
D’ailleurs, d’autres hauts fonctionnaires chinois avaient dénoncé la position de Washington affirmant que les É-U devraient être plus prudents dans leurs déclarations au sujet des affaires asiatiques. Joignant l’acte à la parole, Pékin avait envoyé, au mois de mai dernier, un sous-marin nucléaire dans la région, une manœuvre pour renforcer sa présence militaire dans ces eaux. Cela dit, la crise entre les deux superpuissances pourrait connaître une nouvelle tournure et le risque d’affrontement n’est pas à exclure.
Auparavant, en juin 2015, Pékin avait annoncé que la chaîne d’îles artificielles construite en Mer de Chine méridionale était achevée. Au début de 2016, le pays a construit des bâtiments militaires, des ports et des pistes d’atterrissage sur les atolls connectés. Le différend portant sur cette chaîne d’îles, les îles Spratleys, et les droits maritimes relatifs aux eaux qui les entourent, sont au cœur de la question de la souveraineté, un principe fondamental revendiqué par les Philippines aussi. En octobre de l’année dernière, les États-Unis avaient envoyé en Mer de Chine du Sud un nombre considérable de navires de guerre et par la suite, même un porte-avions, en riposte aux prétentions de la Chine dans la région.
Un éditorial paru dans le quotidien chinois de langue anglaise Global Times, journal farouchement nationaliste, suggérait que Pékin devrait être prêt à «faire payer les États-Unis un coût qu’ils ne pourront supporter s’ils interviennent en Mer de Chine méridionale par la force…». Une affirmation au vitriol qui tombe à moins d’une semaine avant que la Cour internationale de La Haye ne statue sur le différend territorial entre la Chine et les Philippines.
Des propos que le Pentagone avait choisi d’ignorer, comme en témoignent les récentes déclarations faites par le porte-parole Peter Cook : « Nous avons signalé la voie diplomatique pour résoudre ces problèmes … Cela devrait être résolu pacifiquement [dit-il, ajoutant que] la décision de La Haye sera l’occasion pour cela. » Toutefois, cet optimisme n’est manifestement qu’unilatéral.
Toujours est-il que l’administration de la sécurité maritime de la Chine a annoncé qu’elle procédera à des exercices militaires dans les eaux de la Mer de Chine du Sud du 5 juillet au 11 juillet, soit à la veille de l’audience de la Cour internationale de La Haye qui doit rendre sa décision dans l’affaire portée devant elle par les Philippines.
Selon Zhu Feng, doyen de l’Institut des affaires internationales à l’Université de Nanjing : «Ces exercices sont une expression très symbolique de la volonté de Pékin […] Certainement une riposte au récent déploiement de navires de guerre américains patrouillant en mer de Chine du Sud.»
Selon le Quotidien du Peuple, l’organe de presse officiel du Comité central du Parti communiste chinois : « La Chine et la Russie se sont engagées à renforcer la stabilité stratégique mondiale », dans le cadre d’une déclaration commune signée par le Président chinois Xi Jingping et son homologue russe Vladimir Poutine le 25 juin lors de la visite de Poutine à Pékin. Le quotidien a souligné aussi que : «la Chine et la Russie ont effectué six exercices navals conjoints depuis 2005» et que, pour les manœuvres de 2016, « il est très probable que la flotte marine chinoise du Sud décide de stationner en Mer de Chine méridionale en guise de démonstration de force et pour affirmer la souveraineté de la Chine dans la région ».
Tout compte fait, le rapprochement stratégique entre Moscou et Pékin est un rappel aux É-U et à l’OTAN que la Chine et la Russie ne font qu’un et que leur puissance militaire n’est pas à sous-estimer. Un partenariat sino-russe qui coïncide avec le sommet de l’OTAN à Varsovie sur le bouclier antimissile européen.
Décidément, les événements pourraient prendre une nouvelle tournure suite à ce sommet. Un dossier à suivre de près dans les semaines à venir.
la dernière fois que la Chine a fait la guerre, c’était contre le Vietnam. Elle s’est prit une mémorable dégelée et y a laissé 80.000 morts, alors je ne me risquerai pas trop si j’était elle…