En cette fin d’année universitaire, l’heure est d’abord aux félicitations. A cette occasion, je voudrais adresser mes félicitations aux étudiants qui ont réussi et encourager et inciter à plus d’efforts les recalés et les ajournés.
On ne peut oublier de féliciter également les parents des heureux étudiants et consoler ceux des infortunés, car de nos jours, les parents sont très impliqués dans les études de leurs enfants et à tous les niveaux, du primaire au supérieur. Ils sont plus impliqués que ne l’ont été nos parents, de plus en plus et au fur et à mesure du désengagement de l’Etat et de la privatisation croissante de l’éducation. Alors, après les difficultés rencontrées, les sacrifices consentis et le stress cumulé, les parents vivent parfois la proclamation des résultats de leurs enfants comme leurs propres échecs ou réussites. Dans les deux cas, la fin de l’année est pour eux une délivrance et un moment de répit, avant une nouvelle rentrée scolaire. Les années se succèdent et se ressemblent jusqu’à la diplomation. Que deviennent ces diplômés ?
Certains trouvent un emploi et d’autres chôment. Les données de l’Institut national de la statistique (INS) de la période s’étalant de 2006 à 2015 permettent de suivre l’évolution du chômage global et du chômage par genre. Elles montrent que le taux de chômage était stabilisé à 12-13% jusqu’à l’avènement de la révolution, date à laquelle il marqua une hausse de 50%, atteignant 18,9% au 4ème trimestre de l’année 2011. A partir de là, le chômage se résorba légèrement et se stabilisa à 15% dès 2014. L’évolution du chômage par genre est la même, avec une tendance à l’augmentation du chômage féminin à partir du 4ème trimestre 2014.
Selon ces chiffres, un fait saillant : les femmes chôment deux fois plus que les hommes.
Mais que devient le chômage, si on le représente selon la nature du diplôme ? Il apparaît clairement, aussi loin que puissent nous le montrer les données de l’INS (2006), que le chômage des détenteurs du diplôme de technicien supérieur ou équivalent est le plus élevé (voir figure, unité le millier). Ces diplômes sont délivrés par les Instituts supérieurs des études technologiques (acronyme ISET) qui avaient été créés en 1992 (loi n°92-50 du 18 mai 1992) pour former des jeunes qualifiés dans l’exercice de fonctions techniques dans les secteurs de la production, des services et de la recherche appliquée. Le résultat attendu n’a pas été atteint et le diplôme apparaît, semble-t-il, plus comme un frein que comme un moyen d’accès à l’emploi.
Le chômage des détenteurs des diplômes de maîtrise en sciences exactes se positionne en second lieu. A cela, on peut rajouter ce qui n’apparaît pas dans ces statistiques, le chômage de certaines branches d’ingénieurs. On pousse donc l’aberration jusqu’à payer pour former des chômeurs.
En ce qui concerne le chômage genre selon la nature du diplôme, les statistiques restent muettes.
Ainsi, les années passant, le nombre des diplômés chômeurs augmente et nonobstant les efforts consentis par les parents, l’accès à l’emploi, sésame de la vie, reste inaccessible pour certains. La suite, vous la connaissez.
Alors, jusqu’à quand va-t-on observer le fiasco de l’inadéquation formation-emploi sans réagir ? Il est temps de repenser les formations, de former aux nouveaux métiers, de veiller à ce que les formations répondent aux besoins du pays, de réagir avec la célérité requise.
Alors vite,
Une université visionnaire,
Une université créative,
Une université réactive,…
Notre léthargie n’a que trop duré