À la veille des élections américaines, le candidat républicain Donald Trump et ses partisans promettent d’élever un mur géant à la frontière mexicaine afin de maintenir les immigrants hors des E-U alors que, paradoxalement, de plus en plus d’Américains, selon des récentes données, fuient leur pays.
Un récent sondage en ligne, impliquant plus de 2.000 adultes, vient de révéler que 35% des résidents américains envisageraient de quitter les États-Unis pour s’ installer ailleurs. Le nombre de citoyens américains qui ont tourné le dos aux É-U a monté en flèche durant la dernière décennie, et cela continue de battre des records chaque année.
Au moment même où le gouvernement américain n’arrête pas d’injecter des milliards de dollars dans ses projets militaires, il continue d’imposer une politique de taxation qui étrangle les petites entreprises, tout en accordant des allègements fiscaux aux mégaentreprises. Écœurée par cette injustice, une catégorie d’Américains a opté pour aller voir ailleurs, en dénonçant le bipartisme américain qui ne peut offrir d’autre alternative apte à remédier à la crise socioéconomique qui s’accentue de plus en plus depuis la crise de 2008.
Contrairement à la plupart des autres nations, les citoyens américains sont taxés sur tous les fronts, même quand ils sont installés à l’étranger. Déboussolés par la complexité de la paperasse, ces derniers sont souvent obligés de faire appel, à grands frais, aux services de professionnels. Avec un taux d’imposition pouvant atteindre les 30 et 40% sur le revenu, une charge insoutenable pour une classe moyenne noyée dans les dettes, le système fiscal asymétrique adopté aux É-U permet à peine aux PME de joindre les deux bouts.
Depuis l’année 2008, le nombre d’Américains qui ont renoncé à leur citoyenneté a augmenté exponentiellement. Trois raisons principalement à cela :
- Éviter l’imposition sur le revenu; vu que les E-U exigent que leurs expatriés déposent leur déclaration de revenus même s’ils sont installés ailleurs.
- Montée du racisme et discrimination dans l’accès au marché du travail pour les minorités ethniques.
- La politique militaire des É-U et son hyper puissance ne représentent plus les valeurs de certains et nuisent à leur image quand ils sont à l’extérieur, quand elles ne mettent pas carrément leur vie en danger dans certains cas. D’après le journal Wall Street, l’année 2015 était la troisième année consécutive où un nombre record d’Américains ont renoncé à leur citoyenneté.
A l’inverse, Andrew Penney, directeur général de Rothschild & Co, s’adressant à l’élite, a déclaré que cette dernière n’a nullement besoin de fuir. Durant une présentation à San Francisco, Penny a rappelé que les E-U « sont effectivement le plus grand paradis fiscal au monde. »
Selon un rapport publié par le Pew Research Center, le phénomène d’exode ne touche pas seulement les propriétaires de petites entreprises et la classe moyenne supérieure, mais également des immigrants, principalement les Mexicains, lesquels déçus par une réalité économique et sociale qui est loin de l’idée qu’ils s’étaient faite, préfèrent retourner dans leur pays d’origine. Ce mouvement inversé dans les flux migratoires est une première depuis plusieurs décennies dans l’histoire de ce pays. Il semblerait que la terre promise de l’Oncle Sam a perdu sa réputation et le ‘’ Rêve américain’’ s’est transformé, pour certains, en cauchemar.
A l’approche des élections présidentielles et si les Républicains élisent domicile à la Maison-Blanche, le projet de construction du mur tout au long de la frontière avec le Mexique sera probablement concrétisé. Cependant, les experts estiment que cette clôture aura une double fonction : celle de garder certains dehors, mais aussi d’empêcher ceux à l’intérieur de partir.