Pour l’expert Ghazi Moalla, il est inconcevable que des membres du gouvernement partant fassent partie du prochain gouvernement d’union nationale. Les figures politiques de l’ancien régime n’ont pas de place dans le prochain gouvernement, et quant au profil du prochain gouvernement, ce doit être un gouvernement capable d’inverser la donne économique et sociale. Décryptage…
Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, Ghazi Moalla a indiqué que l’échec du gouvernement actuel est un fait que personne ne peut ignorer. Il s’agit d’un constat d’échec sur le plan économique et social.
Cependant, il a rappelé l’existence d’un « succès ou début de succès dans la guerre contre le terrorisme pendant la période dudit gouvernement. Et si on part de ce constat-là, celui qui a en charge ce dossier devrait impérativement rester en fonction pour la simple raison que le travail sécuritaire est un travail de longue haleine et qui ne doit pas être interrompu par un nouveau ministre et un nouveau staff », dit-il et d’en déduire : « A quoi bon changer une équipe qui gagne sur ce plan-là ?».
Évoquant le bilan économique et social du gouvernement sortant, Ghazi Moalla a considéré que « c’est un échec pour ne pas dire le chaos total : les finances publiques sont dans une situation catastrophique, les chiffres parlent de 9% de déficit budgétaire tout en remarquant que c’est la première fois dans l’histoire de la Tunisie que le déficit atteint des proportions pareilles, que le chômage atteint les 15,4%, l’investissement étranger n’arrive pas à décoller ce qui est dû au climat des affaires et non au terrorisme », d’après notre interlocuteur.
« Pour cette raison, j’estime que les ministres du gouvernement sortant n’ont pas leur place dans le prochain gouvernement. Ces gens-là doivent partir », affirme-t-il. Et de rappeler que « lors de la plénière dédiée au renouvellement de la confiance, les remarques des élus du peuple étaient pour laplupart axées sur le plan économique », rappelle-t-il.
Et le profil du prochain gouvernement…
Sur ce volet Ghazi Moalla a considéré que le prochain gouvernement devrait être composé de personnalités politiques capables de changer la donne au niveau économique et politique. Ainsi, les personnalités qui vont figurer dans le prochain gouvernement « doivent avoir la compétence, l’expérience et les relations internationales nécessaires pour bien mener leur mission ». « Malheureusement, nous n’avons pas une seule personnalité politique avec un profil économique très connu sur la scène internationale pour sortir la Tunisie de ce mauvais pas », regrette-t-il.
Cependant, notre interlocuteur ne manque pas de proposer une solution. Il s’agit de composer un gouvernement calqué sur le modèle français : « Un chef de gouvernement qui ait un profil politique, qui soit bon communicateur, le chef de la majorité parlementaire pour pouvoir passer les lois. Autrement dit, il faut un chef de gouvernement de la majorité parlementaire », dit-il et de préciser qu’il doit être épaulé par un super ministre ayant les compétences nécessaires pour sauver l’économie. Ce super ministre devrait avoir plusieurs prérogatives pour faire avancer les dossiers, notamment ceux de la réforme et pouvoir négocier avec les donateurs et les bailleurs de fonds mondiaux. « Uniquement quatre ou cinq personnes ont ce profil », fait-t-il savoir.
Les figures de l’ancien régime ont-ils leur place dans ce gouvernement d’union nationale ?
Sur ce plan, notre interlocuteur demeure catégorique et ferme à la fois. « Non pas du tout. Je trouve que la compétence des ministres de Ben Ali est à revoir et à discuter », rétorque-t-il.
Pour lui, ce n’était que des décideurs voués à satisfaire les consignes du président de la République mais la Tunisie a besoin de décideurs pour le pays. « Maintenant le régime a changé, on est dans un régime parlementaire et le prochain gouvernement doit avoir une vision pour les cinq ans à venir », dit-il et de conclure que les ministres de Ben Ali peuvent être chefs de partis, consultants mais pas faire partie du gouvernement.