Le gouvernement Essid n’a pas eu la confiance des députés de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) et il est considéré comme démissionnaire à partir du 30 juillet dernier. Revenant sur ce désaveu, l’économiste Moez Joudi nous a précisé qu’il a soutenu l’initiative d’un nouveau gouvernement d’union nationale parce que le gouvernement Essid est à bout de souffle.
«Il est vrai que ce gouvernement a réussi sur le plan sécuritaire, et ce, grâce aux efforts déployés par les autorités concernées et la société civile, mais le risque sécuritaire existe encore», affirme-t-il
Et d’ajouter que sur d’autres plans, le gouvernement Essid a échoué, notamment au niveau économique et les indicateurs qui sont tous dans le rouge en font preuve. Prenant l’exemple du taux d’inflation que Habib Essid estime amélioré, en fait ce taux ne s’est pas amélioré, loin s’en faut : les prix n’ont pas été maîtrisés mais plutôt la demande est devenue plus faible que l’offre vu que le pouvoir d’achat des Tunisiens a nettement baissé, enregistrant -40% entre 2011 et 2015, selon l’INS. C’est ce qu’on appelle la récession économique.
Idem, le gouvernement Essid a échoué au niveau de la lutte contre la corruption, l’économie informelle, la relance du secteur du phosphate…ce qui a résulté en une perte de 3 à 4 points de croissance par an.
Avec l’Accord de Carthage, qui représente la feuille de route pour la constitution du nouveau gouvernement, M. Joudi a estimé qu’on aura des résultats notables, à condition que le nouveau chef du gouvernement soit l’homme de la situation, naturellement fort, indépendant d’esprit et un bon communicateur capable de convaincre, de prendre des décisions audacieuses et d’avancer .
Un chef de gouvernement qui doit, selon notre interlocuteur, disposer d’un programme et des orientations clairs avec un gouvernement composé de 15 à 20 ministres au maximum connus pour leurs compétences et leur savoir-faire. Un gouvernement qui travaille sur la base d’un consensus, une marge de manœuvre et un mandat clair pour pouvoir décider et agir.