La principale cause du chômage en Tunisie est l’inadéquation entre les besoins du marché de l’emploi et les méthodes de préparation des jeunes pour exercer ces emplois, estime Karim Hamdi, manager de « Culture Bridge International », lors de sa participation en marge du Workshop international sur l’employabilité dans les secteurs de l’agriculture, des énergies renouvelables et des technologies de l’information en Tunisie, organisé par le Think-Tank Maghreb Economic Forum.
Il a estimé que le contenu pédagogique de la formation à tous les niveaux n’est pas aujourd’hui adéquat. Il y a beaucoup de professions qui ne sont pas satisfaites car les jeunes ont des diplômes en main mais ils n’ont pas d’expertise pour faire le travail.
Karim Hamdi a pointé du doigt la lenteur et la longueur des rouages administratifs, le manque de financement pour les start-up, le manque de rapidité dans l’installation des entreprises et les disparités régionales, « car les opportunités offertes aux jeunes dans certaines régions sont meilleures que dans d’autres mais nous savons tous que la révolution a eu lieu à cause de ces disparités régionales », fait-il remarquer.
L’Etat providence, c’est révolu…
L’État providence est terminé depuis belle lurette déjà, soutient notre interlocuteur. « C’est pire aujourd’hui car les moyens de l’Etat sont encore plus réduits que par le passé et le contexte international ne le permet pas », s’alarme-t-il. Pour cette raison, il a appelé les jeunes à compter sur eux-mêmes: « N’empêche, l’Etat est appelé à mettre en place le cadre juridique et le climat favorable leur permettant de travailler au niveau national et international. Malheureusement les jeunes et moins jeunes ne peuvent pas profiter des opportunités existantes à travers l’internet pour travailler », dit-il. Donnant des exemples, il a affirmé qu’il n’est pas possible pour des jeunes de signer avec des donneurs d’ordre étrangers et d’être payés.
Revendiquer des changements législatifs au lieu de revendiquer l’emploi à la fonction publique.
C’est le message principal que notre interlocuteur a adressé aux sit-inneurs et grévistes : « Au lieu de faire la grève et revendiquer l’emploi, revendiquer les changements cruciaux qui pourraient faciliter la création d’emplois et simplifier les procédures ».
Oui pour l’agriculture, les énergies renouvelables et les TIC
Tout en reconnaissant que tout secteur dispose de son propre potentiel, Karim Hamdi a souligné l’importance de ces secteurs. En ce qui concerne les TIC, il a indiqué que la Tunisie dispose d’une jeunesse assez éduquée mais nous pouvons doubler notre part dans le secteur. En Agriculture, les jeunes doivent être encouragés et motivés pour exercer cette activité : « C’est un métier respectable et le marché doit donner des salaires respectables aussi », estime-t-il. Pour les énergies renouvelables, la Tunisie étant bien située au point de vue de l’ensoleillement et de la fréquence de passages venteux, malgré le manque de pétrole, on devrait promouvoir ce domaine et saisir cette opportunité.
Oui pour un partenariat public-privé…
Notre interlocuteur s’est prononcé pour un partenariat entre les universités tunisiennes. En TIC, il faut qu’il y ait des partenariats qui prouvent aux jeunes que pour une formation appropriée, le résultat serait des emplois plus nombreux pour les jeunes diplômés. Ce partenariat ne se fait pas d’une façon structurelle. Et de plaider pour un échange réciproque entre l’université et les industriels.