Mettre fin à la violence contre les femmes, c’est une promesse dont toutes les femmes rêvent. C’est en partie le débat de la semaine, sur le thème « Forum pour un large plaidoyer en faveur de la loi intégrale sur les violences faites aux femmes », organisé durant les 9 et 10 août par le CREDIF, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, en collaboration avec l’UNFPA, l’ONU Femmes et l’Union européenne.
75.4% des femmes ont subi une violence sexuelle dans l’espace public, affirme Dalenda Larguèche, directrice générale du CREDIF.
Selon elle, le bilan de l’année 2015 est alarmant, évoquant entre autres la violence psychologique qui se situe au premier rang du classement. Elle explique : « La femme a toujours le sentiment d’être inférieure à l’homme, et c’est la violence verbale qui se développe à travers des mots provocateurs. C’est pour cela qu’il faut briser le tabou. La violence, sous toutes ses formes, est un fléau qui touche tout le monde et plus que jamais, nous avons besoin d’une loi intégrale de protection. Vous savez, pour la première fois, la notion de victime entre en vigueur. Maintenant, on parle d’un centre d’accueil pour les femmes battues et violées qui vient d’ouvrir à Tunis, et nous comptons en mettre en place dans l’ensemble des régions. »
Elle ajoute : « Il faut accompagner cette loi, à travers la culture, l’éducation, car notre société est en retard ; en prenant en compte la mentalité de cette société et l’urgence de la changer. Beaucoup de travail reste à faire. »
De son côté, Hela Skhiri, chargée du Programme national ONU Femmes Maghreb, a dressé le bilan de l’année écoulée, depuis les événements du 13 août de l’an dernier. « C’est vrai que l’an dernier, il y a eu certains événements qui ont célébré le 13 août et ont abordé le sujet de la violence faite aux femmes. Et voilà qu’aujourd’hui on est dans une étape très concrète. D’abord, il y a eu ce projet de loi relatif à la violence faite aux femmes finalement adopté par le Parlement. Mais ce qui est intéressant ensuite dans l’aspect institutionnel, c’est l’évocation de la prévention, de la protection directe, des aspects de réhabilitation, parce que la thématique de la violence c’est une thématique globale. Nous sommes dans un moment crucial. C’est une loi certes qui bénéficie d’un cadre juridique, mais tout reste à faire, pour amener beaucoup de changement. »
Comment cela se reflète-t-il sur le plan stratégique?
Samira Meraï Friaa, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, déclare : « En tant que ministre de la Femme pendant un an et demi, j’ai tenu à travailler sur la législation, particulièrement sur la loi discriminatoire, l’autorité maternelle partagée avec le père, la loi relative à la violence faite aux femmes qui pour moi, est une loi exemplaire, et qui va servir comme un modèle à suivre à l’échelle mondiale. »
Elle conclut : « D’ailleurs, nous sommes plus que jamais déterminés, non seulement à travers l’élaboration de la loi, mais aussi dans son application, à faire de la question de la violence, une question sociétale et qui intéresse tout le monde. Chacun aujourd’hui peut être touché dans sa sécurité, que ce soit dans l’espace public ou privé. Il s’agit de l’avenir de nos filles, de nos enfants, et que cela nécessite l’implication la société civile, mais aussi des médias. Et c’est grâce aux médias que nous pouvons changer les mentalités, car notre objectif aujourd’hui est vraiment de changer les mentalités. »