« Face à une situation économique critique marquée par une croissance en berne, un secteur informel qui représente plus de 50% du PIB tunisien, un creusement des déficits, un gonflement de la dette, une quasi-faillite des caisses sociales, une dégradation du pouvoir d’achat, une dépréciation du dinar et un effondrement de la productivité, le gouvernement d’union nationale doit oser le décollage de l’économie», a déclaré à leconomistemaghrebin.com Moez Labidi, professeur d’économie, spécialiste des questions monétaires et financières.
Pour ce faire, notre interlocuteur a affirmé que la survie de ce nouveau gouvernement dépendra de sa capacité à gagner la bataille de la confiance. D’où l’importance d’entamer, en premier lieu, un travail en profondeur pour avancer un diagnostic précis, clair et franc, et ce, afin de redresser le pays.
Il s’agit également de présenter une version détaillée du Pacte de Carthage. Une feuille de route claire et précise au niveau des mécanismes et du sequencing, ainsi qu’un niveau équitable du partage de la facture du coût des réformes. M. Labidi a préconisé, dans ce sens, de donner l’exemple en matière de maîtrise des dépenses publiques et de démarrage des grands chantiers des réformes structurelles les plus douloureuses qui s’inscrivent dans un projet collectif reposant sur une vision.
Parallèlement, il demeure, selon ses propos, nécessaire que le gouvernement montre sa capacité à faire respecter l’ordre républicain, notamment en luttant contre les barons du secteur informel et les lobbies du secteur formel; imposant le respect des normes de propreté dans les villes tunisiennes et sanctionnant le laxisme administratif.
Au final, Moez Labidi a affirmé que la Tunisie a besoin, aujourd’hui, d’un chef de gouvernement qui ose engager les réformes les plus impopulaires, présenter un projet innovant porteur de croissance inclusive, de fermeté face au banditisme, d’équité sociale et de bonne gouvernance administrative.