Lamia Zribi, était avant tout un cadre de l’administration, qui a gravi les différents échelons de la fonction publique, avant de se voir confier des postes de décision, comme celui de secrétaire d’Etat auprès du ministre du Développement, ou celui de PDG de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), en mai 2016. Dans cette interview, elle déplore une certaine dominance masculine qui heurte aujourd’hui encore les ambitions de la femme tunisienne, mais elle revient aussi sur l’état de santé de la BFPME et expose son plan d’action pour la période à venir.
Les femmes PDG ne sont pas nombreuses en Tunisie. Pensez-vous que la femme tunisienne a aujourd’hui la place qu’elle mérite dans la société ?
C’est vrai que la femme tunisienne a gravi des échelons et a franchi des pas sûrs et probants dans l’arène politique et économique nationale, mais beaucoup reste à faire pour qu’elle ait la place qu’elle mérite dans notre société.
La femme éprouve toujours une certaine frustration. Elle a déployé beaucoup d’efforts pour se positionner sur la sphère économique et sociale. Elle
s’est acharnée à repenser son modèle familial et son rôle dans la société.
Aujourd’hui, beaucoup de femmes réussissent à concilier vie de famille et vie professionnelle. Cependant, rares sont les femmes qui arrivent à occuper aujourd’hui des postes clés dans les hautes sphères de la fonction publique et au niveau du secteur privé. Les statistiques sont là ; le taux d’activité de la femme ne dépasse pas 28% aujourd’hui, alors que le taux de chômage dépasse 22 % chez les femmes pour un taux de 15.3 % au niveau national. Aussi ambitieuses et aussi talentueuses
soient-elles, les femmes se heurtent souvent à une société à dominance masculine, qui fait, qu’à compétences égales, l’homme passe souvent en premier lieu
Au niveau politique, les femmes ont joué un rôle clé après la révolution, notamment en luttant contre des tentatives de réformes légales anachroniques. Aujourd’hui, la femme est arrivée relativement à bien se positionner sur la sphère politique. Mais c’est notamment grâce à une certaine parité, imposée souvent pour être dans
l’air du temps. Il y a quelques exceptions où la femme a réussi à arracher sa place, mais cela a été certainement le fruit d’un travail acharné et parfois
même de concessions par rapport à sa vie privée.
Nous vivons malheureusement dans une société d’hommes, où la place de la femme ne peut-être qu’arrachée. Ce n’est pas acquis et ce n’est pas évident. C’est une bataille que la femme mène et doit mener au quotidien.
Quels sont les obstacles auxquels vous étiez confrontée, durant votre parcours, étant femme ?
Lisez la suite de cette interview dans le numéro 691 de L’Économiste Maghrébin, actuellement dans les kiosques.