S’il y a bien une bataille à gagner, c’est bien celle de la corruption. Et pour cause, elle touche tous les secteurs d’activité : secteur public, secteur privé, police, administration, douane, monde politique, entreprises. De plus, du fait d’une situation vulnérable à laquelle le pays est confronté, de gros dossiers en cours d’enquête judiciaires ont été transmis à la justice. Malgré tout, 64% des sondés affirment que la corruption a augmenté durant les cinq dernières années, selon le dernier rapport de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui, au siège de l’instance.
Aucun milieu n’échappe à la corruption, affirme son président, Chawki Tabib. Quant à la petite corruption, elle se manifeste de plus en plus parmi les citoyens, par le versement de pots-de vin, du bakchiches, mais le plus grand danger sont les grands marchés publics qu’il faudrait suivre de plus près, fait remarquer M.Tabib. Selon lui, l’ampleur de ce phénomène est lié à la mauvaise gouvernance. En effet, pour ce qui concerne les marchés publics, on évalue les pertes à hauteur de 2 mille milliards de dinars, “ ce qui est insoutenable par rapport à notre économie”, s’insurge-t-il.
Volet juridique, il faut appliquer la loi, mais encore faudrait-il renforcer cet arsenal par d’autres textes de loi, comme la protection des témoins ou des annonceurs d’alertes pour ceux qui dénoncent des actes de corruption. Telle est l’une des solutions que M.Tabib préconise, en déclarant: “Le plus important, c’est appliquer la loi en vigueur et renforcer l’arsenal juridique”.
Arrivera-t-on à mener la guerre contre la corruption? Une affirmation à laquelle M.Tabib a répondu par un oui, “ les Tunisiens ont gagné la bataille de la colonisation, de l’analphabétisme, idem contre le terrorisme, ils continueront également à mener la guerre contre la corruption”.
Dans une déclaration aux médias, le président de l’instance a tiré la sonnette d’alarme: “Si on ne fait rien, nous nous dirigeons vers un Etat mafieux”. D’où la nécessité d’arrêter cette hémorragie.
Par ailleurs, ce n’est pas seulement son avis, mais un grand nombre d’experts ont fait savoir que le marché parallèle a une incidence déterminante sur le PIB du pays.
Sur le plan politique, certains médias utilisent la liberté d’expression comme une sorte de chantage, mettant sur la sellette les partis politiques au pouvoir censés devoir donner le bon exemple.
A quand des actions concrètes ? En guise de réponse : « Il est important que le gouvernement assume ses responsabilités. On a un nouveau chef du gouvernement, il faut espérer qu’il sera aux avants-postes dans cette guerre contre la corruption maintes fois annoncée. Le retour sur investissement ne passera pas inaperçu. Attendons voir ».