Le Chef du Gouvernement d’union nationale Youssef Chahed a annoncé que le taux d’endettement de la Tunisie avoisine les 62% du PIB en 2016, soit en hausse de 21% par rapport à l’année 2010. Une hausse qui impose d’après lui des mesures d’urgence avec, comme ombre au tableau, le recours à une politique d’austérité à partir de 2017.
En réaction, Rached Bouaziz, Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de Nabeul, a affirmé que la dette tunisienne reste soutenable pour la période 2016/2020.
Selon l’analyse publiée par le Fond monétaire international (FMI) au mois de juin dernier, l’institution a affirmé que la hausse des salaires est irréversible dans le contexte actuel de la Tunisie. Ce qui exige, d’après notre interlocuteur, au mieux de la freiner.
Ainsi, les besoins de financement pour les années à venir, particulièrement pour l’année 2017, sont réellement élevés. « Mais cela ne veut pas dire que nous sommes dans une phase de banqueroute ou de risque de non paiement », a estimé M. Bouaziz.
Et pour preuve, le schéma de financement élaboré par le gouvernement tunisien, en collaboration avec les institutions internationales (FMI, BM, BAD…), implique un endettement supplémentaire qui impose d’avoir recours à un niveau d’activité économique plus élevé dans l’avenir.
Dans ce sens, le chef du gouvernement a osé dire la vérité aux Tunisiens, mais il n’a pas tempéré cette réalité, parce que la possibilité de relancer l’économie existe à condition de faire revenir les gens au travail. Il fallait, d’ailleurs, donner un message positif aux investisseurs nationaux et internationaux; sachant qu’historiquement, le niveau de la dette tunisienne était plus élevé dans les années 90 que celui d’aujourd’hui. Ce niveau qui reste, selon les experts internationaux, soutenable et est même inférieur à celui des pays pairs de la région.
Toutefois, le scénario de référence du FMI prévoit que la dette des administrations centrales culmine à 55 % du PIB en 2016, puis diminue à moyen terme. Et après avoir atteint un maximum en 2015, les besoins de financement bruts représenteraient en moyenne 7,2 % du PIB jusqu’en 2020, compte tenu de la longueur des échéances et des conditions favorables accordées par les créanciers extérieurs officiels.
Pour garantir cette soutenabilité, notamment à court terme, Rached Bouaziz a préconisé de rapporter le service de la dette aux recettes des exportations ou aux recettes courantes, ainsi que de soutenir l’activité économique.
« 2017 sera réellement une année difficile, mais il n’y a pas de raison de parler d’une politique d’austérité qui est catastrophique et ne ferait qu’aggraver les ratios », conclut-il.