La possibilité d’adopter une politique d’austérité en Tunisie à compter de 2017 a soulevé une polémique. C’est dans ce cadre que l’expert-comptable Walid Ben Salah dresse les principales actions à mettre en œuvre.
Ainsi, la politique d’austérité est, selon ses termes, généralement mise en place lorsque la solvabilité d’un Etat est menacée. Elle vise la réduction du déficit budgétaire et par là même le recours à l’endettement public, en vue de le ramener à des proportions acceptables.
Elle peut couvrir plusieurs aspects, économiques, monétaires et budgétaires.
En matière de dépenses, il s’agit de limiter les dépenses publiques
Les principales actions à mettre en œuvre passent par :
- Le blocage des recrutements et des augmentations salariales dans la fonction publique, voire même la réduction des salaires;
- L’adoption de plans de licenciement dans la fonction publique;
- La revue des plans de retraite, l’augmentation des cotisations sociales et la diminution des pensions;
- La limitation des interventions directes et indirectes de l’Etat, notamment en matière sociale (dons et subventions accordés aux familles nécessiteuses, associations, communes, bourses d’études, etc);
- La limitation des prestations publiques en matière de santé et de couverture sociale, ainsi que les différentes prises en charge de l’Etat à ce titre;
- La levée totale ou partielle, progressive ou non, de la compensation de certains produits et/ou de l’ensemble des produits;
- La réduction des dépenses publiques courantes des différents départements de l’Etat;
- Le réaménagement et le rééchelonnement de la dette publique.
En matière de ressources, il s’agit d’augmenter les recettes propres
M. Ben Salah a indiqué que cela requiert notamment:
9. L’augmentation des impôts et taxes sur certains revenus, produits, prestations, etc;
10. Le désengagement de l’Etat de certains secteurs et activités via un plan de cession de parts et de biens ainsi que la privatisation, voire la liquidation de certaines entreprises.
S’il est vrai que d’un point de vue théorique, la politique d’austérité permettrait de réduire les taux de déficit budgétaire et d’endettement public en pourcentage du PIB, notre interlocuteur a précisé qu’il n’en demeure pas moins vrai qu’elle ne permet pas nécessairement de rétablir les équilibres budgétaires, surtout dans un contexte de crise économique.
Elle pourrait même produire un effet inverse en creusant les inégalités sociales, sources de tension et de blocage, qui ne feraient qu’empirer la situation et aboutiraient à l’effondrement total de l’économie et par là même des finances publiques.
C’est pour cette raison qu’il y a lieu d’adopter plutôt une politique de relance et de croissance avec implication effective et engagement inconditionnel de l’ensemble des parties, notamment les partenaires sociaux. Tout le monde doit se sacrifier pour préserver l’intérêt commun de la patrie et des générations futures.
Au moins cinq conditions préalables pour la réussite de tout plan de relance et de croissance
- Une trêve sociale prolongée, versus un engagement ferme et sans équivoque de relance de l’investissement public et privé, notamment dans les zones défavorisées;
- La lutte efficace contre la corruption et la malversation à tous les niveaux hiérarchiques, aussi bien dans le secteur public que privé;
- La lutte efficace contre le secteur informel, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale;
- La modernisation de l’administration et l’adoption des pratiques de bonne gouvernance (contrôle interne et externe, systèmes d’information, procédures, moyens humains et logistiques adéquats, transparence financière, etc);
- L’assainissement, la modernisation et l’amélioration des conditions de fonctionnement de l’ensemble de l’appareil judiciaire, ainsi que des différentes instances et commissions de contrôle.