A peine le gouvernement Youssef Chahed a-t-il pris les rênes du pouvoir que de terribles épreuves ont commencé. Trois épreuves qui confirment que le terrorisme, les régions défavorisées et la crise du phosphate sont les trois épines plantées dans le flanc du gouvernement actuel. A quand l’extirpation des épines qui font mal ?
Le spectre du terrorisme : j’y suis et je frappe à des dates symboliques
L’accord de Carthage avait indiqué que la lutte contre le terrorisme figurait en tête des priorités du gouvernement d’union nationale. La succession des frappes terroristes depuis 2011 font que la lutte contre le terrorisme est devenue la priorité des priorités.
Cependant, tout au long de la période estivale et notamment la période de Ramadan, nous nous sommes félicités des réussites sécuritaires où nos valeureux soldats et forces de l’ordre ont pu sécuriser le pays.
Détrompons-nous . La lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine et la lâche attaque de Kasserine de lundi dernier, 29 août, jour de la passation de pouvoir, le prouve bien.
Le phosphate : quand une richesse nationale se transforme en malédiction
Aucun gouvernement (sept gouvernements) de l’après-14 janvier 2011 n’a pu réaliser un véritable pacte social à Gafsa, une trêve qui permette la relance de la production de phosphate. Conséquence : les trois unités de production sises dans le gouvernorat de Gafsa sont à nouveau paralysées et ce depuis le 29 août.
Il est clair que s’il y a des protestations, il y a quelque part des problèmes qui persistent parce qu’ils n’ont pas été solutionnés. Les jeunes de Gafsa, notamment les chômeurs, soutiennent qu’il est inconcevable qu’ils regardent chaque jour des tonnes de phosphates sortir de leur ville alors que personne ne daigne porter un regard à leur malaise.
Il fut un temps où la Compagnie des Phosphates de Gafsa faisait office d’Etat providence dans le gouvernorat, chose qui n’est plus possible aujourd’hui.
Le président provisoire de la République Moncef Marzouki avait proposé en 2012 qu’un pourcentage des revenus du phosphate soit accordé au développement régional de Gafsa. La même proposition a été lancée récemment par Rached Ghannouchi qui, lors d’une récente visite à Gafsa, a renouvelé le même appel.
C’est aux économistes de répondre si cette proposition fait partie de la surenchère politique ou si elle est réalisable. Pour l’heure, l’aboutissement à une solution efficace qui arrange tout le monde ne semble pas pointer à l’horizon, loin s’en faut. En attendant, les pertes s’accumulent, et la rage des jeunes dans un gouvernorat laissé-pour-compte va crescendo, et l’écart entre les régions se creuse davantage.
L’absence d’infrastructure est une facette du mépris et de la marginalisation économique
Le terrible accident survenu à Kasserine hier a bel et bien montré qu’il existe une défaillance considérable en matière d’infrastructure sanitaire, mettant de nouveau à nu la désespérante marginalisation de la région.
La chaîne privée Nessma a diffusé en direct les appels de détresse des victimes de l’hôpital régional de Kasserine.
Au vu des nombreuses attaques terroristes, cette zone étant manifestement chaude, ne serait-il pas urgent de transformer l’hôpital régional de Kasserine en un hôpital militaire pourvu de tous les équipements nécessaires pour éviter que l’on soit obligé de recourir aux hôpitaux de régions éloignées et de mettre ainsi en danger les jours des patients ? », s’interrogent certains.
Malheureusement, l’accident a confirmé, encore une fois, qu’il existe une santé à deux vitesses. La qualité des soins n’est pas la même entre les régions et les citoyens ne sont pas égaux même devant la mort.