Même si la Tunisie a changé de gouvernement au cours de ces cinq dernières années post-révolution, il n’y a pas de volonté politique, soit qu’elle n’a pas été prise au sérieux par l’opinion publique, soit qu’elle est dépourvue de courage et d’audace.
Toute l’attention portée au nouveau gouvernement d’union nationale a occupé l’actualité, depuis la désignation du chef du gouvernement jusqu’à l’installation du gouvernement le 29 août dernier, jour de la passation officielle de pouvoir.
Et la question des mesures à prendre agite encore et toujours les Tunisiens. Car au final, les citoyens s’attendent à vivre dignement et à voir des réformes appliquées dans leurs régions. Le nouveau chef de gouvernement est-il l’homme de la situation, un homme censé trouver des solutions à la crise économique et sociale du pays?
La lutte contre le terrorisme, la corruption, le retour aux équilibres financiers, le regain d’espoir à donner aux jeunes sont bien les priorités qu’il a annoncées lors de son fameux discours du 3 août. Youssef Chahed, cet inconnu du grand public, choisi par le président de la République lui-même pour rebattre les cartes du jeu politique, préside le septième gouvernement depuis 2011. Il va devoir relever très rapidement plusieurs défis et la période de grâce de cent jours qui caractérise traditionnellement le début de l’action de tout nouveau gouvernement risque de manquer à Youssef Chahed.
Alors que la situation à Kasserine est devenue encore plus chaotique― suite à l’attaque terroriste d’il y a deux jours et au terrible accident qui a fait 16 morts et plus de 80 blessés― il est important de s’interroger sur la stratégie que devrait mettre en œuvre le nouveau chef du gouvernement. Compte-t-il annoncer des mesures d’urgence face aux problèmes économiques et sécuritaires majeurs qui touchent la région? On l’ignore encore.
Il ne faut pas oublier que Kasserine est une ville qui compte 80 000 habitants, avec un taux de chômage de 26,2 %, soit 10% de plus que le taux de chômage de l’ensemble du pays (15.6% au 2ème trimestre 2016). Cette région aura-t-elle droit au développement?
Que ce soit Kasserine, ou n’importe quelle ville de l’intérieur, elles continuent d’être des laissées-pour-compte. Une situation qui alimente l’indignation des habitants, en particulier des jeunes, revendiquant leur droit à l’emploi, dans un contexte marqué par l’instabilité politique et les incertitudes.