Coupure et pénurie d’eau, stress hydrique et plein d’autres termes similaires sont devenus familiers pour les Tunisiens. Zoom sur un phénomène qui dérange.
Les coupures d’eau : cela ne concerne pas uniquement les régions de l’intérieur
D’ailleurs c’est ce que nous avons cru au début, avec la succession de coupures d’eau d’une région à une autres au sud et au centre du pays.
Que la SONEDE communique sur une éventuelle coupure d’eau est devenu un acte normal pendant les dernières années. Au début, ces coupures se sont focalisées sur plusieurs régions de l’intérieur de la Tunisie, à l’instar du bassin minier, Kasserine, Kairouan et autres. Un observateur de cette situation critique pourrait se dire que « les coupures d’eau sont une spécificité des régions de l’intérieur ». Un certain nombre de villes côtières ont connu le même problème à l’instar de Sousse et Mahdia.
Plusieurs motifs ont été invoqués pour justifier les coupures en question : la qualité des canalisations assurant le transport de l’eau, les périodes de pointe telle la saison estivale… Toutes ces justifications sont même contraires à la Constitution qui stipule dans son article 44 que le droit à l’eau est garanti.
Certains revendiquent le droit à l’emploi mais d’autres le droit à l’eau
Bien évidemment, le pays a connu plusieurs sortes de revendications sociales. A la tête de ses revendications figurent l’emploi et le développement régional. Plusieurs observateurs ont beau accuser ces mouvements d’instrumentalisation politique voire de vouloir semer le désordre dans le pays. Que diraient-ils de citoyens qui manifestent pacifiquement suite à une longue période de coupure d’eau surtout dans les régions intérieures, les éternelles laissées pour compte ?
Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux indique que le nombre des manifestations à cause des coupures d’eau augmente surtout pendant la période estivale. Romdhane Ben Amor, membre du FTDES , indique que la manifestation à cause de la pénurie d’eau est récurrente dans le rapport mensuel du Forum.
De son côté l’association Nomad 08, qui a lancé le portail Watchwater, affirme qu’elle reçoit chaque mois un nombre important d’alertes de coupure ou pénurie d’eau. Le site de l’association affirme qu’en date du 3 septembre une route a été barrée à cause de la coupure d’eau à Sidi Boumakhlouf, dans le gouvernorat de Médenine et à la municipalité de Bradaa dans celui de Mahdia. Le site indique que les appels sont restés sans suite.
Le manque de réserves en eaux et le manque de la pluie ont contribué à l’aggravation de la situation. Fin août 2016, les réserves en eau dans les barrages sont de l’ordre de 760,8 millions de mètres cubes contre 1212,5 millions mètres cubes pendant la même période sur les trois dernières années. Enregistrant une différence de -451 millions de mètres cubes, ce qui se répercute immanquablement sur les cultures lesquelles dépendent à hauteur de 92 % des pluies.
Le site du ministère de l’Agriculture, des ressources hydraulique et de la pêche indique que la moyenne annuelle de la pluie atteint 36 milliard mètres cube. Le taux de pluie le moins bas qui a été enregistré était en 1993-1994 (4.88 milliards mètre cube ).
Depuis des mois, un reportage fait par leconomistemaghrebin.com a montré la souffrance de la région du bassin minier à cause de la pénurie d’eau : témoignages poignants montrant la pénurie d’eau dans la région en question ainsi que ses répercussions sur les la vie quotidienne de ses habitants.
Et les solutions…
A ce jour, encore à un stade embryonnaire : l’eau de pluie collectée et traitée constituerait une partie de la solution (elle serait utilisée dans les douches, pour les chasses d’eau et servirait à arroser le jardin). Ce dispositif a été mis en place par le Centre de Recherche et des Technologie des eaux à la Technopole de Borj Cédria.
Une autre solution : le dessalement de l’eau demeure quant à lui une solution applicable. D’ailleurs trois stations de dessalement d’eau ont été créées dans les localités Erahmete (délégation de Kébili-Sud), Kred (délégation Douz-Nord) et Choucha Naka (délégation Souk Lahad).