De sondage en sondage, le sentiment des Tunisiens est mitigé, entre la satisfaction et l’insatisfaction, entre l’optimisme et le pessimisme quant au remaniement ministériel, le changement de gouvernement et on se rue sur les sondages des institutions. Mais, peut-on faire confiance à ces sondages ?
« Théoriquement oui », répond Nabil Smida, chercheur politique à l’Observatoire tunisien de la sécurité globale (OTSG), en poursuivant: « Les sondages reflètent l’état de l’opinion publique pour une période déterminée, mais c’est significatif ».
Le pays est-il dans la bonne direction ? Les trois quarts des Tunisiens ont répondu par la négative, contre un quart qui pensent le contraire.
Sur cette interrogation, il a indiqué: « La présente conjoncture n’incite pas à l’optimisme : la dépréciation du dinar, le chômage en hausse, le pouvoir d’achat en baisse laissent perplexes les Tunisiens ».
Pour une bonne majorité des Tunisiens, soit 41.4%, la désignation de Youssef Chahed en tant que chef du gouvernement d’union nationale est de bon augure, contre 39.8% qui affirment le contraire.
D’après M.Smida, rien que le fait qu’il soit jeune rend les Tunisiens favorables à la nomination de Youssef Chahed car jeunesse rime avec espoir . Mais ce préjugé favorable ne résistera pas à l’épreuve des faits s’il ne devait pas donner satisfaction. L’opinion est volubile.
Il explique : « L’on s’attend du gouvernement à un nouveau souffle. La fenêtre de tir qui se présente pour améliorer la situation est en effet assez réduite. Pour apporter le changement escompté, rien ne vaut les premières semaines. On attend donc un signal, des messages forts de la part du gouvernement quant à ses priorités ».
La question est de savoir si les sondages influencent indûment les décisions politiques, voire le vote? La réponse est affirmative, déclare le sociologue Sami Nasr, en soulignant : “ Les sondages peuvent modifier le comportement de l’électorat au moment des élections. D’ailleurs, on peut le remarquer dans plusieurs pays. A l’approche des élections, un sondage peut nuire à un candidat quand on veut l’écarter”.
Or pour le cas de la Tunisie, la question qui devrait être posée est de savoir si les sondages réalisés respectent réellement les normes internationales.
Sur le plan politique, nous avons les résultats quantitatifs et qui n’ont jamais pu définir la réalité des faits. Or les bureaux d’études mondiaux utilisent une autre approche, qui est le qualitatif ( le questionnement, le focus du groupe, plusieurs techniques) .
Interrogé sur le classement de l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomâa, comme étant le favori des Tunisiens, il propose à la réflexion deux options: “Soit ce classement est faux, pour la simple raison qu’ il fait de la propagande électorale pour Mehdi Jomaa, ou la seconde option, c’est la nature des Tunisiens à vouloir à tout prix se venger. Cela dit, on l’a constaté en 2011, quand Ennahdha a gagné les élections, puis en 2014 avec Nidaa Tounes, et ce sera la même chose aux prochaines élections”.
Les sondages en Tunisie ont la cote surtout depuis la période post-14 janvier. Les Tunisiens s’y expriment en toute liberté, mais il n’est pas inutile de s’interroger si ces sondages sont mus par la propagande ou la recherche de la vérité statistique ! A vos plumes !