« Quel avenir pour les PME tunisiennes ?», tel est le thème de la rencontre-débat, organisée ce matin par l’UTICA, et présidée par sa présidente Wided Bouchamaoui et le directeur général du cabinet Ernst & Young Tunisie, Noureddine Hajji.
Dans ce cadre, l’accent a été mis sur le rôle joué par le secteur privé dans la relance économique et la stabilisation de la situation sociale, les préoccupations et les problèmes rencontrés par les petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes, notamment après la révolution, tout en s’appuyant sur le Baromètre 2016 des entreprises tunisiennes, réalisée par EY.
A cet égard, M. Hajji a affirmé que l’avenir des Tunisiens est plein d’espoirs malgré les difficultés que connaît le pays durant ces dernières années, espérant qu’avec la formation du nouveau gouvernement, les efforts se multiplient pour la concrétisation des objectifs attendus.
Revenant sur les perceptions des chefs d’entreprise, les enjeux et les perspectives d’avenir, les résultats du baromètre ont fait ressortir que 54% des entreprises tunisiennes privées interrogées continuent à faire de la croissance et d’afficher de fortes ambitions en matière d’investissement en dépit de la conjoncture difficile et plus de un quart connaissent un niveau stable de leurs activités.
Le levier de cette croissance est essentiellement tiré par une véritable dynamique au sein de l’entreprise, dont le développement de nouveaux produits, l’amélioration de la force de vente, l’ouverture sur de nouveaux marchés, le processus opérationnel des logistiques ainsi que la mise en œuvre de nouveaux projets.
Par ailleurs, 48% des entreprises déclarent avoir l’intention d’augmenter leurs investissements, 44% maintiennent le même niveau et seulement 8% comptent réduire le niveau d’investissement. Ce qui reflète que les entreprises tunisiennes sont inscrites dans une logique d’investissement et de développement à l’international (Maghreb, Afrique subsaharienne, Europe, Asie, Pays du Golfe, USA…)
Volet politique et social, le baromètre a démontré que les perceptions des chefs d’entreprise sont très négatives, notamment la confiance dans le rôle joué par l’Etat est de plus en plus faible. Pour preuve, en 2016, 31% des sondés se déclarent optimistes vis-à-vis de l’amélioration de la situation politique et sociale et 30% sont optimistes, contre 69% des interrogés pessimistes et 52% qui ont été optimistes en 2014. Ce qui signifie que les horizons de la stabilisation de la situation sont éloignés.
Et pourtant, un quart des interviewés se disent prêts à en assumer le coût même si la conjoncture actuelle persiste. Mais parallèlement, ils préconisent d’engager des actions et des réformes concrètes pour relever les barrières et obstacles, qui constituent un frein à l’investissement, notamment du ressort des pouvoirs publics, à savoir la lourdeur administrative (pour 75% des interrogés), la corruption administrative (41%), la législation du travail (33%), le climat social général du pays (60%) et la situation sécuritaire (57%).
Priorités du Gouvernement Chahed
C’est dans ce sens que les dirigeants d’entreprises dressent quatre chantiers prioritaires du gouvernement Chahed. Il s’agit de la lutte contre la corruption, et ce, en engageant un processus extrêmement fort pour s’attaquer aux barons de la corruption, accélérer le traitement des dossiers de corruption, accroître les capacités de l’Instance de lutte contre la corruption pour pouvoir se déployer, notamment dans les régions.
Il s’agit également de la relance de l’investissement et de la croissance, à travers l’adoption de la loi d’urgence économique ayant pour objectif de traiter les problèmes que subissent les chefs d’entreprise, créer une instance interministérielle pour gérer les dossiers sous l’autorité du chef du gouvernement, prévoir des dispositions exceptionnelles touchant le marché public et donner plus de souplesse et d’efficacité à la réalisation des projets de l’Etat…
Cette relance exige également l’accélération dans l’adoption du nouveau code d’investissement ainsi que la mobilisation pour la réussite de la Conférence internationale d’investissement.
La troisième priorité préconisée par les chefs d’entreprise consiste dans la lutte contre l’économie informelle, et ce, par la prise des décisions concrètes et exceptionnelles, la mise en place d’un plan de conversion vers l’économie formelle et la forte application de la loi.
Au final, le rétablissement des équilibres budgétaires et des finances publiques demeure nécessaire tout en optant pour l’élaboration d’un plan de recouvrement des créances, l’allègement fiscal, le contrôle des déclarations de revenus des personnes physiques, ainsi que pour un impôt exceptionnel de solidarité sur les personnes physiques au titre des années 2016/2017.