Les Tunisiens ont été désagréablement surpris par la lecture d’un article paru récemment sur le site Al-Arabia évoquant des revendications sécessionnistes des habitants de Ben Guerdane. La Toile tunisienne s’enflamme, les déclarations vont dans tous les sens avant d’une suppression définitive de l’article. Au-delà de la publication de l’article, certains soufflent sur le feu de la désunion et de la discorde…
Unicité de la nation : ligne rouge à ne pas franchir
« Il faut que vous soyez persuadés que vous êtes d’une même famille : La nation tunisienne. vos opinions, vos orientations peuvent diverger, vous pouvez être plus ou moins instruits, plus au moins évolués, mais le sentiment de la communauté doit effacer la différence », disait Habib Bourguiba un certain 27 décembre 1956 quelque mois après l’indépendance.
Ayant choisi le régime républicain, le territoire tunisien est un et indivisible. La Constitution de 2014 l’a bien spécifié.
D’ailleurs, le peuple tunisien n’est pas constitué d’une constellation de tribus ou d’ethnies opposées les unes aux autres. Au contraire, il est homogène : même religion, même langue, diversité de coutumes et traditions librement exercées. D’ailleurs, le pays à travers son histoire trois fois millénaire n’a pas connu de guerres fratricides.
La culture de la désunion est une nouvelle culture en Tunisie
Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, le sociologue et membre du Forum tunisien des droits économiques et sociaux Abdessatar Sahbani estime que les appels à la division du pays est un phénomène nouveau. L’indépendance avait introduit la notion d’unicité de la nation.
Ce qui signifie l’égalité devant la loi, l’appartenance au même pays et le développement harmonieux de tout le territoire de la République.
Cependant, le modèle de développement mis en place par l’Etat a montré ses limites : un développement harmonieux et concomitant de tout le pays n’étant pas possible au regard des moyens disponibles, l’Etat a dû se contenter d’investir dans les secteurs les plus rentables donnant la priorité aux régions les plus compétitives, nous explique notre interlocuteur.
Réduire le nombre de gouvernorats de 24 à 5 pour résoudre le problème.
D’après Abdessatar Sahbani, les habitants de Gafsa et de Sidi Bouzid sont dans leur droit de poser des questions qui fâchent, à savoir pour les habitants de Gafsa condamnés à endurer la pollution causée par les unités de production de la CPG sans bénéficier des richesses que produit leur région dont le développement promis est sans cesse reporté aux calendes grecques ! Pour Sidi Bouzid, c’est la question de l’eau qui est transféré vers des villes côtières alors que le gouvernorat souffre de pénurie hydrique chronique qui provoque fatalement des mouvements sociaux, s’insurge notre interlocuteur
Gare au délaissement des régions !
D’après notre interlocuteur, il existe deux niveaux d’analyse lorsqu’il s’agit d’aborder la relation du citoyen avec sa patrie : le premier niveau d’analyse est émotionnel. Il s’agit de la relation affective entre le citoyen et sa région / patrie et le deuxième niveau d’analyse est relatif à l’efficacité et l’intérêt par rapport à la région. Ce délaissement peut causer un sentiment d’aliénation et les habitants des régions délaissées peuvent se sentir étrangers dans leur pays, regrette-t-il.
« Quelle est la différence entre ceux qui se sentent étrangers dans leur propre pays, ceux qui ont choisi l’immigration clandestine, ceux qui ont abandonné leur pays pour « faire le djihad » ou ceux qui font de l’espionnage ? » s’interroge-t-il
A qui profite la désunion ?
Pour répondre à cette question, notre interlocuteur s’est contenté de dire que l’Etat, faute de moyens, a été contraint de délaisser les régions et paradoxalement il s’attend de leur part loyauté et soumission. Sur un autre volet, il a regretté que l’Etat ait abandonné son rôle au profit du secteur privé :« Ce n’est pas la tâche du secteur privé de favoriser le développement dans les régions défavorisée, car ils ne cherchent que le gain », conclut-il.
Il faut arrêter de traiter quelques régions de l’intérieure de simple victime du model de développement , en fait l’exode massif des classes moyennes de ses régions et le manque de laboriosité et l’excès de dépendance envers l’Etat et tants d’autre causes ont affaiblirent le mouvement économique dans ses régions , alors il est temps de parler franchement et de ne pas présenter d’autres lieux plus ou moins réussies comme de simples profiteurs du système .