Un grand nombre de manifestants en colère sont descendus dans les rues de Casablanca, il y a deux jours, contre Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti Justice et Développement, un parti islamiste, à trois semaines des élections devant se tenir le 7 octobre.
D’après le site marocain Telquel, les causes de cet accès de colère demeurent floues. L’appel à manifester a été en effet lancé via les réseaux sociaux. Lors de la manifestation on pouvait lire sur les banderoles : « Benkirane plie bagages… Le pays n’a pas besoin de Kabbadj », ou « Non aux islamistes », ou encore le fameux « Dégage ».
Si les anti-Benkirane étaient très nombreux, lui en revanche a déclaré, lors d’une conférence de presse, qu’il s’agissait d’une manipulation. « Ceux qui ont manifesté contre moi, je peux l’accepter et si certains ont été manipulés je vous pardonne. »
A pas moins d’un mois de la tenue des législatives, la mouvance islamiste avait lancé un appel au boycott affirmant qu’elles ne serviraient qu’à faire durer « le despotisme ».
Le 7 octobre, une trentaine de partis politiques seront en lice pour les législatives. Mais le duel le plus serré sera celui opposant le PJD (Parti Justice et Développement – islamiste) aux les Libéraux, plus connus sous le nom de Parti de l’authenticité etde la modernité, créé en 2008 (PAM).
Lors du scrutin de 2011, le PJD est arrivé en tête des élections et celui qui est à la tête du pouvoir actuellement a bénéficié d’une large popularité auprès de ses sympathisants.
Cependant, le Printemps arabe a renversé la donne en donnant le pouvoir aux islamistes, comme ce fut le cas en Tunisie, voire aussi au Maroc. Quel est l’intérêt d’une islamisation de la société, s’interrogent certains politologues où l’islamisation n’est autre qu’une prise du pouvoir au détriment du peuple. Il est cependant bien important de distinguer entre islamisme et islam.
Que s’est-il passé durant les cinq dernières années au Maroc? Depuis sa prise du pouvoir, le PJD a voulu « halaliser » la TV et la presse, en avril 2012, en les forçant à diffuser les cinq appels à la prière et à ajouter dans leurs grilles davantage d’émissions religieuses, mais aussi à interdire des spots publicitaires comprenant la promotion des loteries, qui fait à nouveau débat depuis février 2016.