Plus de cinq ans après le 14 janvier, la Tunisie continue sa transition démocratique. Enterrer les fantômes du passé et écrire un nouveau chapitre, tel est le processus d’une justice transitionnelle d’un pays ayant vécu des périodes de dictature, de torture, de violations massives des droits de l’Homme. Le chemin est plein d’embûches, affirme pour sa part Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD), dans une interview accordée à une radio suisse.
Liquider l’héritage du passé est un passage obligé, déclare-t-elle, en soulignant : “ Si on ne règle pas ses comptes avec le passsé, il grèvera immanquablement le futur”.
Quant au nombre de dossiers traités par l’IVD, il a atteint 65 mille en juin 2016 ayant fait l’objet de 7000 auditions à huis clos. Des auditions devant un grand public sont prévues pour le mois de novembre.
Interrogée sur le mandat de l’instance, elle a répondu que la loi prévoit un mandat de quatre ans, il reste donc deux ans, mais il y a la possibilité d’une extension de cinq ans supplémentaires. « Nous espérons y parvenir parce qu’il y a un processus judiciaire à suivre », affirme la présidente de l’IVD.
« Quant aux auteurs des violations, qu’ils reconnaissent les faits et fassent amende honorable, afin qu’on puisse tourner la page de ces sombres années de notre histoire », ajoute-t-elle .
« La crise économique qui meurtrit ce pays n’est que le legs de soixante ans de despotisme », soutient-elle. Elle souligne dans ce contexte: “Nous sommes en train de gérer ce legs extrêmement lourd, mais la crise économique existait depuis longtemps sauf qu’elle n’était pas visible”.
Elle ajoute : “Nous allons y arriver lentement mais sûrement et nous avons besoin de solidarité de la part des pays amis qui doivent comprendre qu’il y a d’immenses défis à relever et qu’il faut donner du temps au temps”.