Accéder au transport en commun est un droit inviolable de tout citoyen qu’il soit homme ou femme. Mais les rapports de genre dans les espaces publics s’expriment à travers des discriminations à l’égard des femmes. C’est en partie le débat sur le thème de « La Violence de la rue fondée sur le Genre », organisé par le Crédif, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), tenue dans la journée du 21 septembre.
Elles seraient nombreuses, soit 49.1% des femmes, à avoir subi des violences sur le genre dans l’espace public, affirme Dalenda Larguèche, directrice générale du Crédif.
Ce bilan est alarmant, par le fait que la violence ne date pas d’hier et qu’il est plus que jamais temps de tirer la sonnette d’alarme, estime Mme Larguèche. Elle précise, dans ce contexte, que la rue appartient à tout le monde, homme-femme tous genres confondus et qu’il faudrait que les violences verbales et autres cessent à l’égard des femmes.
Appréhender la violence basée sur le genre dans les moyens de transport nécessite impérativement une campagne de sensibilisation, souligne de son côté Héla Ouaili Mallek, universitaire spécialiste en statistiques. Elle revêt quatre formes principales dans cet environnement exigu : violence verbale, psychologique, physique et sexuelle ou à connotation sexuelle.
Ainsi, les chiffres parlent d’eux-mêmes, puisque 36% des femmes confirment avoir subi des violences verbales, 38.5% des violences psychologiques; 14.9% se disent victimes de violence physique et 10.4% de violence sexuelle.
Selon l’universitaire, plus de 80% de ces actes de violence touchent des femmes ayant plus de 45 ans sur l’ensemble du territoire tunisien. La catégorie la plus touchée est celle des femmes au foyer (56%), suivie des ouvrières et des étudiantes. L’étude a été menée sur un échantillon de 2913 femmes âgées de 18 à 64 ans, réparties dans chacune des 200 régions du pays.
Le rapport expose que 91% des 45 ans et plus affirment avoir subi, au moins une fois, une violence dans l’espace public, dans la rue précisément.
En affinant l’analyse, nous constatons que 67% des victimes ont un niveau d’instruction faible (primaire) et que les violences dans l’espace public s’affaiblissent au fur et à mesure de l’avancement des études. Mais l’analyse a également révélé que la violence diffère d’un gouvernorat à l’autre. Ainsi, selon Mme Ouaili Mallek, ce sont les villes comme Gabès, Mahdia et Tunis qui détiennent les plus importants taux de violence psychologique à l’égard des femmes avec respectivement 92.9%, 88.9% et 79.6%. Gafsa ferme la marche (50%).
Cependant, l’Etat est pleinement conscient des enjeux puisqu’un projet de loi organique relatif à la lutte contre la violence à l’égard des femmes a été adopté en Conseil des ministres le 13 juillet 2016. Il prévoit notamment un an d’emprisonnement pour les auteurs d’harcèlement dans les lieux publics et une aggravation des peines si l’auteur de la violence a une autorité sur la victime.