Les besoins en eau sont-ils une source de tension? Chaque année, avec moins de 500 m³ par habitant, la Tunisie vit depuis plus de vingt ans sous stress hydrique. Mais aujourd’hui, le pays doit faire face aux nouveaux défis liés aux changements climatiques et à l’accroissement des besoins dictés par le développement socio-économique. C’est autour d’un débat, organisé dans la journée du 22 septembre par l’Atuge, que le sujet a été abordé avec pour thématique : « La Tunisie sous stress hydrique chronique, quelles solutions ».
Cette question est très sensible pour un pays où sévit la sécheresse. Pour rappel, durant les deux années 2001-2002, la Tunisie a connu un déficit pluviométrique de plus de 50% à l’échelle de tout le pays. Aujourd’hui, les demandes en eau ont doublé, l’agriculture, premier secteur consommateur d’eau, représente 80% de la demande totale en eau, témoigne Raoudha Gafrej, universitaire. Selon elle, il y a urgence à agir vite parce que le problème de l’eau se rajoute aux difficultés que connaît le secteur agricole. Il faut par ailleurs trouver d’autres solutions, repenser à une nouvelle politique. Elle ajoute également que le problème aujourd’hui ne réside pas tant les 22 millions de mètres cubes d’eau que nous pouvons économiser, mais dans la recherche d’eau, qu’elle soit usée ou souillée, par des agriculteurs en manque total de ressource hydrique; ce qui peut déclencher des problèmes sanitaires majeurs et notamment des épidémies.
Ceci suppose des solutions plus pragmatiques: envisager une agriculture moins consommatrice d’eau, régler tous les problèmes de l’eau et qui correspondent à la construction de nouveaux barrages, au transfert et l’interconnexion des barrages ou au dessalement de l’eau de mer.
Cela consiste également à réduire les pertes d’eau et les mauvaises utilisations. Mais pour améliorer la situation, il faut des actions de sensibilisation, affirme Rachid Khanfir, membre de l’Association eau et développement. Il faut que le citoyen se sente concerné, qu’il ait des réflexes préventifs, comme de ne pas laisser l’eau du robinet couler alors qu’il ne s’en sert pas. Car après tout, si le Tunisien revendique ses droits depuis la Révolution, il doit aussi respecter ses devoirs.
Des solutions miracles sont souvent citées pour régler tous les problèmes liés à l’eau, mais certains estiment que la société civile pourrait être une force de pression.
Pour Mohamed Ben Sakka, expert de ressources en eau, la société civile doit jouer son rôle. « Il est important que la sensibilisation provienne des usagers et non de l’Etat. C’est ce que nous demandons à cette société civile, de s’impliquer et de devenir un facteur important de la bonne gestion de l’eau. Actuellement, il y a une prise de conscience de la société civile qui se sent concernée et je trouve que nous nous dirigeons vers le bon chemin », souligne-t-il.
L’heure est désormais aux solutions pour améliorer la gestion de l’eau, mais il va falloir trouver des technologies de pointe et adopter une stratégie commune pour le bien de tous, car l’eau est un enjeu de puissance et de développement économique.