Plus d’un an après l’adoption de la loi organique du 7 août 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent, il est temps de dresser un premier bilan. Sommes-nous sur la bonne voie et quels sont les enjeux juridiques? Un colloque, intitulé « La lutte anti-terroriste : le droit face au non droit »s’est intéressé à la question, dans la journée du mardi 27 septembre, en présence d’un grand nombre d’universitaires et d’experts.
Mouna Kraïm, docteur en droit public a dressé un état des lieux de la législation tunisienne, en se félicitant de la mise en place de cette loi, considérée comme un pas en avant pour lutter efficacement contre le terrorisme. Cependant, elle souligne l’existence d’une incongruité entre des jugements d’exécution en vertu de la loi de 2003 (appel…) encore d’actualité et ceux basés sur la loi 2015. Car la loi de 2015 est beaucoup plus respectueuse des droits de l’Homme, non pas pour protéger le terroriste, mais dans la garantie d’un verdict équitable d’un Etat de droit.
Par ailleurs, cette nouvelle loi est scrutée sous tous ses aspects, en la comparant à celle de 2003, tout en évoquant ses lacunes. Il y en a certes, a répondu Mme Kraiem, en citant l’exemple du nombre de terroristes à considérer pour être identifié comme un groupuscule ou des cas isolés. Ainsi, deux personnes constituent un groupe terroriste. A cela s’ajoutent des moyens d’investigation insuffisants à renforcer pour déployer de nouvelles technologies de pointe.
Nous avons le recul nécessaire aujourd’hui pour analyser le passé d’organisations terroristes telles qu’al Qaïda, Boko Haram et Daech. L’étude de leur histoire permet de mieux appréhender leur développement, de mieux décrire le phénomène. Car, il faut se rappeler dans quel contexte ces organisations ont été créées et avec quelles complicités, à savoir celles des pays occidentaux et du monde arabe, souligne M. Asiem El Difraoui, politologue, spécialiste du djihad international. Le terrorisme est une arme de guerre à double tranchant et les actions kamikazes et les attaques sont spectaculaires, en raison de la promesse du paradis…
Une stratégie globale devrait être développée pour combattre le terrorisme, ont conclu les participants.