Depuis son entrée à la Maison-Blanche le 20 janvier 2009 jusqu’à ce jour, le président américain Barack Obama a usé douze fois de son droit de veto contre des lois votées par le Congrès. Jamais son veto n’a été rejeté sauf hier. En effet, mercredi 28 septembre, les élus du Congrès américain ont voté à une large majorité pour passer outre au veto présidentiel sur une loi autorisant les proches des victimes du 11 septembre à poursuivre l’Arabie saoudite pour sa responsabilité présumée dans les attentats.
Les deux chambres ont voté massivement contre le véto. Les élus de la chambre des représentants ont voté à 348 voix pour et 77 contre. Au sénat, les sénateurs ont voté plus massivement encore avec 97 voix pour passer outre le veto présidentiel, une voix contre et deux abstentions.
Le président Obama a signé son veto le 23 septembre contre la loi baptisée « Justice against sponsors of terrorism act » (Justice contre les sponsors d’actes de terrorisme) qu’il a qualifiée de « loi dangereuse pour la sécurité nationale des Etats-Unis ».
Quelques jours avant le vote, le président Obama, le secrétaire à la Défense Ashton Carter et le général Joseph Dunford, chef d’état major de l’armée américaine ont tous écrit des lettres au Congrès le mettant en garde contre les dangers qu’engendrerait un rejet du veto présidentiel. « La loi pourrait être dévastatrice pour le ministère de la Défense et pour son personnel ainsi que pour les communautés des Affaires étrangères et du renseignement », a notamment écrit Obama à l’intention des membres du Congrès, dans l’espoir de les décourager à passer outre son veto.
Ni Obama, ni les membres de son administration et encore moins le lobby actif pro-saoudien à Washington n’ont pu convaincre le Congrès que la loi qu’il voulait passer contre la volonté de la Maison-Blanche pourrait exposer les militaires américains et les membres des services secrets à des procès à l’étranger.
Cela fait des mois que l’Arabie saoudite déploie des efforts gigantesques de lobbying et de relations publiques pour faire échec à cette loi qui risque de l’exposer à des procès sans fin qu’intenteront les parents et les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001. Les Saoudiens sont allés jusqu’à menacer de retirer les 750 milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis, mais visiblement, les congressistes étaient insensibles aux arguments de la Maison-Blanche et aux menaces financières saoudiennes.
Le sénateur républicain du Texas, John Cornyn, l’un des fervents défenseurs de la loi a affirmé : « Notre vote est moins un coup porté à l’Arabie saoudite, qu’un soutien aux victimes. Quand nos intérêts divergent et quand il s’agit de protéger les droits des Américains et les valeurs américaines, je pense que nous devons voter cette loi. Il ne s’agit pas pour nous de perturber notre relation avec un allié, mais c’est simplement une question de justice. »
Le vote massif du Congrès contre le veto d’Obama vient au pire moment pour l’Arabie saoudite. Après les échecs patents de sa stratégie en Syrie et au Yémen et ses difficultés financières sans précédent, voilà qu’elle est menacée d’être trainée en justice par des milliers de citoyens américains.
Peut-être le plus urgent maintenant pour le royaume wahhabite n’est plus le dossier syrien ou le problème yéménite, mais le retrait des 750 milliards de dollars investis aux Etats-Unis avant qu’un juge ne décide de les geler. Les exemples des milliards iraniens et libyens gelés par décision des juges américains n’est pas pour rassurer la famille régnante saoudienne.