Dans une communication conjointe adoptée hier, le 29 septembre 2016, à Bruxelles la Commission européenne et la Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité plaident pour un « renforcement du soutien de l’UE à la Tunisie ».
L’Union européenne a adopté la communication conjointe intitulée « Renforcer le soutien de l’UE à la Tunisie », qui réaffirme son engagement en faveur de la transition démocratique en Tunisie. La communication conjointe expose une série de mesures que l’UE pourrait prendre collectivement pour renforcer son soutien aux efforts déployés par la Tunisie pour relever les défis cruciaux auxquels elle est confrontée et promouvoir la stabilité à long terme, la résilience, la bonne gouvernance, le développement socio-économique et la sécurité dans le pays. Ces mesures viennent s’ajouter à une enveloppe financière pouvant atteindre 300 millions d’euros pour 2017, ce qui représente une augmentation substantielle de l’aide de l’UE à la Tunisie des deux dernières années, notamment dans les domaines de la coopération, le commerce, l’industrie, l’éducation, la recherche et la lutte contre le terrorisme.
Pour Mme Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, « la Tunisie fait face à de nombreux problèmes dans une région en difficulté. En tant qu’Union européenne, nous sommes, et avons toujours été, aux côtés du peuple tunisien et des jeunes en particulier, déterminés que nous sommes à renforcer leur démocratie et la croissance économique du pays. Il y a trois ans, dans le cadre de notre partenariat privilégié, nous nous sommes engagés à renforcer les valeurs fondamentales et les aspirations qui constituent le fondement de notre relation. Aujourd’hui, en cette période critique que la région toute entière connaît actuellement, l’Union européenne doit encore mieux adapter son action à la transition tunisienne. C’est ce que nous faisons avec cette communication conjointe, qui comporte des actions très concrètes pour mieux accompagner la Tunisie et les Tunisiens dans la mise en œuvre des réformes qu’ils ont eux-mêmes adoptées. Aujourd’hui, en investissant dans le présent et l’avenir du pays et de ses citoyens, nous investissons dans notre propre présent et notre propre avenir.».
« Nous ne pouvons pas ignorer l’appel des jeunes Tunisiens. Ils sont descendus dans la rue en 2011 non seulement pour revendiquer des droits et des libertés démocratiques, mais également pour exiger un avenir meilleur offrant des perspectives concrètes. La révolution porte certes ses fruits en ce qui concerne les droits civils, mais la jeune démocratie tunisienne doit à présent transformer ses structures économiques et sociales. L’UE offre un savoir-faire et un vaste éventail de mécanismes d’incitation permettant de dynamiser l’économie et de créer des opportunités pour les jeunes, qui figurent parmi les franges de population les plus éduquées mais aussi les plus sous-employées », a déclaré M. Johannes Hahn, commissaire pour la politique européenne de voisinage et les négociations d’élargissement.
La jeune démocratie tunisienne fait face à de nombreuses difficultés qui empêchent la plupart des Tunisiens de tirer pleinement profit des droits et libertés récemment acquis. Ces difficultés, qu’elles soient d’ordre économique ou liées à la sécurité, menacent la viabilité du processus de transition. Dans ce contexte, l’Union européenne voudrait faire plus pour aider la Tunisie à répondre aux aspirations de ses citoyens. La nouvelle stratégie de soutien de l’Union européenne à la Tunisie propose d’aider le pays à réaliser les objectifs de réforme ambitieux qu’il s’est fixés pour consolider la démocratie. Cela implique de collaborer avec une société civile tunisienne dynamique, de promouvoir la bonne gouvernance à travers la modernisation de l’administration publique tunisienne, de soutenir la réforme du secteur de la sécurité, de renforcer les services publics de base et de combattre la corruption.
La communication vise également à intensifier la coopération de l’UE avec la Tunisie en matière de migration, en mettant l’accent sur les voies d’immigration légales dans le cadre du partenariat pour la mobilité.
En outre, l’UE entend améliorer l’environnement des entreprises, notamment en achevant les négociations sur un accord de libre-échange approfondi et complet d’ici 2019. Dans ce contexte, il s’agira notamment de réduire les contraintes administratives qui freinent l’investissement et d’encourager les petites et moyennes entreprises.
Pour atteindre ces objectifs, l’Union européenne déploiera un éventail complet de mesures de soutien financier et politique. A la suite de l’adoption de cette proposition, la communication conjointe sera présentée au Conseil et au Parlement européen.
Priorité du soutien renforcé de l’UE, la communication vise à adapter directement l’action de l’Union aux principaux axes du plan de développement quinquennal de la Tunisie. Tout en maintenant le soutien au processus de réforme démocratique, elle se concentre sur une action efficace et déterminante de l’UE dans les domaines prioritaires suivants: investir dans la jeunesse, favoriser le développement socioéconomique, réduire les disparités sociales (y compris les disparités régionales), soutenir la société civile tunisienne, encourager la réforme de l’administration publique, mieux gérer les migrations et la mobilité, combattre la corruption et remédier aux problèmes de sécurité. L’accent est mis en particulier sur les mesures de soutien aux jeunes.
Outre une augmentation de l’aide financière en faveur de la Tunisie, avec une enveloppe de 300 millions d’euros prévue pour 2017 et un engagement à consentir un effort financier similaire par la suite, une aide supplémentaire devrait être obtenue auprès des institutions financières européennes, qui pourraient mobiliser environ 800 millions d’euros par an d’ici 2020.
L’UE soutiendra le plan en faveur des infrastructures et les mesures de développement du secteur privé des autorités tunisiennes en mobilisant des ressources supplémentaires provenant de la plateforme d’investissement pour le voisinage. Ces mesures financières seront appuyées par des mesures commerciales spécifiques visant à favoriser le décollage économique de la Tunisie. Des mesures exceptionnelles sont également envisagées pour faire face à la situation critique dans laquelle se trouve la Tunisie.