Les salariés verront leur pouvoir d’achat encore se dégrader et se trouveront face à une nouvelle pression fiscale à la lumière du projet de loi de Finances 2017, estime le président d’honneur de l’Ordre des experts-comptables de Tunisie (OECT), Nabil Abdellatif, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
En ce qui concerne l’amendement du barème de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), l’expert-comptable a relevé une anomalie. « En effet, soutient-il, ce barème est présenté, dans le cadre de la Loi de Finances 2017, comme amendé pour la première fois depuis 1990. Or c’est faux, car la même proposition a été avancée lors de la Loi de Finances de 2014. De plus, dans la loi de finances 2014, comme repris dans le projet de la LF 2017, il est stipulé que lorsque le revenu est compris entre 0 et 5000 dinars, il est automatiquement exonéré de l’impôt sur le revenu. » Par ailleurs, l’expert-comptable a indiqué que pour ce qui concerne le revenu annuel variant entre 5000 et 10.000 dinars, le projet de loi de finances prévoit une légère imposition.
De même, il a constaté que le projet de loi a plafonné les déductions en termes de frais professionnels à 1000 dinars.
« Je considère que cette somme est synonyme de 80 dinars par mois, somme qui n’est pas suffisante. C’est presque trois dinars par jour, or les dépenses quotidiennes d’un salarié dépassent les trois dinars par jour », remarque-t-il.
Et ce n’est pas uniquement cela, l’expert-comptable a constaté que des produits qui avaient été exonérés de la TVA ne le sont plus dans le projet de loi de Finances 2017 qui propose une imposition entre 6 et 18%.
La majorité de ces produits touchent le quotidien des consommateurs comme le gaz butane, les produits pharmaceutiques importés, les louages, les taxis et le transport rural, la crèche, l’enseignement privé. « Cette TVA entraînera la hausse des prix pour le consommateur », dit-il. Sans oublier, une TVA de 25% sur les vignettes de voiture.
Sur ce point, le spécialiste a conclu en disant que le projet de loi de Finances laisse présager une pression fiscale sur les salariés et le pouvoir d’achat connaîtra encore une nouvelle dégradation. « Pourtant le chef du gouvernement a annoncé, lors de son interview télévisée, que les réductions d’impôts prévues dans la LF 2017 seront appliquées», nuance-t-il.
« On s’attendait à ce qu’il y ait une réforme fiscale dans ce projet de loi, mais ce n’est pas le cas. A quand la fiscalité de la famille tunisienne? », conclut-il.