Il faut revoir l’accord concernant les négociations salariales signé en janvier dernier à la lumière de la conjoncture économique annonce Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l’UTICA lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui, au siège de la centrale patronale.
Voici que l’UTICA a tenu un point de presse pour s’expliquer sur « les derniers événements au niveau national et économique ». D’ailleurs, la conférence se tient quelques jours après les déclarations de Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l’UGTT, appelant la centrale patronale à entamer les négociations sociales sectorielles relatives aux années 2016 et 2017. Et pourtant Khalil Ghariani insiste sur le fait que la tenue de la conférence n’est pas une réponse aux récentes déclarations.
Ainsi, le responsable a indiqué que depuis 1990, l’UTICA accorde des augmentations salariales en prenant en considération le contexte économique à chaque fois. Et pour ce qui est des négociations sociales 2016-2017, M. Ghariani a préféré commencer par rappeler qu’un certain 19 janvier 2016, un accord a été signé entre les deux organisations afin d’entamer les négociations sectorielles.
Mais des changements ont eu lieu précise-t-il. Il s’agit du changement du gouvernement et du contexte économique, raisons pour lesquelles, il a appelé à la nécessité de se mettre autour table avec l’UGTT afin de revoir l’accord à la lumière de la conjoncture économique, avec la possibilité de s’arranger pour un nouvel agenda. Dans le même contexte, Khalil Ghariani a indiqué que les négociations ne doivent pas porter uniquement sur les augmentations salariales, mais sur la productivité et d’autres paramètres. « Mais l’UGTT refuse obstinément à chaque fois d’aborder le sujet de la productivité lors des négociations », rappelle-t-il.
En tout état de cause, l’UTICA n’envisage pas de renoncer à ses engagements, « mais l’Accord de Carthage prime », affirme-t-il. Se voulant diplomate et calme, Khalil Ghariani a déclaré que l’UGTT demeure toujours le partenaire de l’UTICA, ce qui constitue un destin et un privilège à la fois.
Habib Testouri, membre du bureau exécutif de l’UTICA et président de la Fédération professionnelle nationale des métiers quant à lui, a rappelé la situation difficile des entreprises privées et a appelé à l’arrêt de la diabolisation des hommes d’affaires. Pour lui, les destins des chefs d’entreprises et des salariés dépendent les uns des autres. Il a souligné que la faillite de l’entreprise engendre une aggravation du chômage, phénomène qui ne cesse d’empirer. Et de rappeler que plusieurs multinationales ont quitté la Tunisie comme Bombardier…
Concernant les augmentations salariales, il a affirmé qu’elles doivent être liées à la productivité et aux bénéfices de l’entreprise, « sinon des augmentations sans productivité et rendement peuvent conduire à la faillite de l’entreprise », dit-il.
Évoquant le sujet de l’évasion fiscale, Habib Testouri, a indiqué que plus que 70% des revenus fiscales de l’Etat dans le secteur privé proviennent des chefs d’entreprise. La recette fiscale de l’Etat est estimée à 20MD dont 2,5 MD proviennent des salariés; ce qui contredit, d’après lui, les informations qui circulent concernant le faible montant payé par les chefs d’entreprise pour la fiscalité.
Le directeur central des affaires sociales à l’UTICA, Sami Sellini, a évoqué le sujet d’annexes relatives aux augmentations salariales qui n’ont pas été signées par un certain nombre de chambres syndicales. Ainsi, il a indiqué que l’Etat devrait intervenir, à l’instar de ce qu’il a fait dans le domaine des médias pour les entreprises publiques, en leur accordant des espaces publicitaires, ce qui leur a permis d’accorder des augmentations salariales. Cependant, il a avancé des chiffres alarmants : 30 mille emplois perdus rien que dans le secteur du textile et l’augmentation de 260% du taux des entreprises informant les autorités de mesures de chômage technique pour leurs employés par rapport à 2015.
Chambres syndicales victimes?
Pour le président de la Chambre syndicale nationale des Cliniques de dialyse, TarekEnnaïfer, s’il n’a pas signé l’annexe c’est parce que la conjoncture du secteur ne le permet pas. D’après lui, depuis 36 ans le prix de la séance de dialyse demeure le même et n’a pas été révisé. Et s’ajoute à cela le retard du remboursement des frais de la part de la CNAM, ce qui n’arrange par les cliniques de dialyse qui ont plusieurs engagements. « J’aurais aimé faire des augmentations mais je ne peux pas me le permettre, à cause de la conjoncture actuelle », regrette-t-il.
La présidente de la chambre nationale des crèches et des jardins d’enfants, Nabiha Kammoun Tlili, est revenue sur l’augmentation de 6%de la TVA qui sera payée par les parents alors que tous ne le peuvent pas. Et s’ajoute à cela le rejet du cahier des charges actuel qui régit le métier. Dans le même cadre, elle est revenue sur la présence de plusieurs contrevenants dans le secteur qui ne se conforment pas à la loi.
Le président de la Chambre nationale d’Entreprises de sécurité et de gardiennage a indiqué que les entreprises concernées ont perdu entre 80% et 85% de leurs marchés depuis que l’Etat a annulé la sous-traitance.
En effet, le client de prédilection des entreprises de sécurité et de gardiennage était l’Etat et depuis, les entreprises peinent et plusieurs fermetures ont été enregistrées. Le président a indiqué que la situation ne permet aucune augmentation, cependant, il n’est pas contre l’établissement d’une convention entre l’Etat et la Chambre pour améliorer les choses.