Invité à participer à un débat croisé organisé par notre magazine L’Economiste Maghrébin sur la situation financière et économique du pays, l’universitaire Chokri Mamoghli a proposé un certain nombre de solutions pour que l’économie tunisienne puisse faire face aux difficultés. Parmi ces solutions figure l’amélioration du taux de change.
M. Mamoghli a considéré que le taux de change est une variable endogène, étant donné l’organisation de nos échanges extérieurs. Selon lui, une grande partie de nos échanges avec l’extérieur échappe totalement à la BCT, s’agissant des flux de devises qui rentrent dans le pays et qui n’ont pas d’impact sur notre position. Cela doit être mesuré à travers l’écart entre le marché noir et le marché formel.
Il y a toutefois beaucoup de marchandises qui sont exportées sur l’Algérie et la Libye. Tout le monde sait que des produits agricoles, agro-alimentaires, dérivés de céréales sont exportés par des circuits parallèles (laitages, pâtes, concentré de tomates,…). Cela pour dire qu’il existe un marché florissant de devises avec les pays voisins.
C’est pourquoi, l’universitaire a souligné qu’il y a beaucoup de choses à faire pour améliorer le niveau du taux de change, en agissant sur l’économie informelle, entre autres.
Puis, il y a, selon lui, tous les secteurs formels organisés, tels que le phosphate et le tourisme.
L’universitaire n’était pas d’accord sur le fait de procéder à une dévaluation brutale du dinar pour avoir un impact sur l’investissement extérieur. « Les IDE viennent en général sous forme d’entreprises totalement exportatrices : ils apportent les équipements, ils bénéficient du terrain gratuitement. Ce qu’ils utilisent sur place, c’est juste la main-d’oeuvre, même pas les matières premières », explique M. Mamoghli.
« Les IDE en Tunisie représentent quand même 40 à 50% de nos échanges extérieurs. Le fait de jouer sur le taux de change n’a pas beaucoup d’incidence, à l’exception des investissements de portefeuille. C’est à la limite dérisoire », a-t-il conclu.