Dans le cadre de l’atelier stratégique organisé, aujourd’hui, par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) sous le thème : « Le rôle de la Bourse dans le financement de l’économie», Hatem Ben Salem, DG de l’ITES, a affirmé qu’afin de fixer le cap pour la Tunisie et de mettre en place une vision permettant aux décideurs politiques de mettre en œuvre les politiques à même de pouvoir réaliser les objectifs du Plan de développement 2016/2020, l’Institut a élaboré une étude intitulée «Quelle Tunisie dans 10 ans».
Cette étude est fondée sur six axes dont le premier est l’Etat et institutions. On est en train de vivre une nouvelle expérience politique incontestablement démocratique mais cette expérience doit perdurer et se pérenniser. Ce ne sera pas possible, selon M. Ben Salem, avec un Etat en déliquescence, avec confusion de compétences au niveau du pouvoir et avec des institutions qui ne jouent pas leur rôle de régulation et d’équilibre. Ce qui impose une réflexion en urgence sur un Etat résilient et émergent.
Le deuxième axe est celui de la Défense et Sécurité. Aujourd’hui, le terrorisme impose à la Tunisie une véritable économie de guerre. De ce fait, on est appelé à faire face à cette guerre et on doit faire les sacrifices qu’il faut pour que la Tunisie reste toujours debout.
Le troisième axe est celui du Développement et du Retour à la croissance. On a considéré que le plus grand défi à relever est celui du financement du développement. Dans les 20 prochaines années, on doit trouver les outils, les moyens et les capacités de financer nous-mêmes notre développement ou bien on ne sera jamais un Etat indépendant.
Il est certain qu’ avec les erreurs impardonnables commises par les gouvernements précédents telle celle des recrutements massifs dans une fonction publique déjà pléthorique, l’Etat n’a pas les moyens de subvenir aux besoins des régions en vue de leur développement. Donc il faut réfléchir à de nouveaux modes de financement.
L’ITES a mis le cap sur trois secteurs clés, à savoir la Bourse, les banques et les assurances. Si les conditions étaient réunies et si on mettait en place les réformes urgentes et nécessaires, ces trois secteurs sont capables de jouer un rôle cardinal dans le financement du développement. La Bourse, si on lui en donne les moyens, est capable de mobiliser les financements nécessaires pour notre développement, notamment régional. Sachant que le problème de la Tunisie est un problème d’équilibre régional.
Le quatrième axe est celui de l’Education et la Culture. Pendant plusieurs années, on a répété que les ressources humaines tunisiennes étaient le principal acquis. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, vu que l’université et l’école ont échoué à former les compétences capables de faire face aux défis inhérents aux changements extraordinaires qui ont lieu dans le monde, particulièrement les deux révolutions numériques, notamment celle de l’internet des objets.
A noter que dans le monde, plus de 50% des emplois vont totalement disparaître dans les 10 à 15 prochaines années. De ce fait, on devrait aujourd’hui adapter le cursus universitaire tunisien à ce que demain les étudiants sortent avec des profils capables de relever les défis de la mondialisation.
Le cinquième axe est celui du contrat social. On est en train d’essayer de réfléchir sur quel nouveau contrat social pour la Tunisie. Il n’est pas normal, d’après Hatem Ben Salem, que notre pays, grâce au dialogue, obtienne le Prix Nobel de la Paix et n’arrive pas aujourd’hui à mettre en place les fondements d’un dialogue serein, pérenne et équitable qui peut dans une optique de gagnant – gagnant trouver la voie d’un véritable apaisement au niveau social.
Le sixième et dernier axe de l’étude est celui du Repositionnement de la Tunisie dans le monde. On ne peut pas, compte tenu de la taille de la Tunisie, se développer dans des conditions qui vont permettre un retour important de la croissance. Cela exige l’encouragement des exportations. On a aujourd’hui des marchés traditionnels et nouveaux très importants qu’on peut explorer. On ne pourra pas le faire dans un climat social aussi difficile, si on n’a pas une stratégie des exportations.
Pour ce faire, l’ITES avec la Banque Mondiale et le ministère du Commerce ont instauré une réflexion approfondie. La diplomatie tunisienne aura aussi un rôle à jouer en matière de développement du commerce extérieur. Et ceci n’est possible que si on repense le positionnement diplomatique de la Tunisie et le rôle de nos ambassades à l’étranger.
A noter que l’Etude de l’ITES sera présentée au Président de la République vers fin décembre ou au plus tard la première quinzaine de janvier 2017.