« Le rôle du Conseil supérieur de la magistrature est décisif », affirme Raoudha Karafi , présidente de l’Association des magistrats Tunisiens (AMT), lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui au Tribunal de première instance de Tunis.
En quoi le CSM peut garantir l’indépendance de la magistrature ? Sur cette question, elle a déclaré que l’enjeu principal est d’assurer plus d’indépendance lors des nominations des hauts magistrats du parquet et des procureurs.
Revenant sur les élections du 23 ocotbre 2016, Mme Karafi a salué la participation des 1884 magistrats sur un total de 2400, soit 78.5%, ce qui constitue plus de la moitié.
Quant à la lutte contre la corruption, il faut qu’il y ait des magistrats spécialisés en cette matière. Elle ajoute : « Il ne suffit pas d’en faire un slogan pour le combattre. En revanche, il faut des moyens financiers et humains ainsi qu’une police judiciaire spécialisée. Il faut également garantir la protection des magistrats censés traiter les dossiers de corruption, car ce sont des dossiers très sensibles”.
Evoquant le projet de loi relatif à la lutte contre la corruption, Hamdi Mrad, secrétaire général de l’AMT, en a recensé les lacunes. Selon lui, il y a un manque de spécialisation, donc il va falloir se pencher sur la question. Il met l’accent sur la définition qui n’est pas claire, car elle laisse la porte ouverte aux interprétations. « Chacun peut interpréter à sa manière. De quoi parle-t-on de crime organisé ou de blanchiment d’argent ?», rétorque-t-il.
Par ailleurs, l’AMT revient sur les conditions de travail dans les tribunaux, qui sont épouvantables, a déclaré M. Mrad. Il précise: « Cela fait bien longtemps qu’on en parle. Or cet aspect est bien souvent négligé. Pourtant, les solutions existent, il suffit d’un effort supplémentaire de la part de l’Etat pour améliorer les conditions ».
Il poursuit: « On peut le constater à travers des chiffres, quand le budget alloué au ministère de la Justice dans le projet de loi des Finances ne dépasse guère les 1.6% du budget général de l’Etat, tout en gardant le 16 ème rang, il y a de quoi se poser la question sur les raisons pour lesquelles l’Etat n’accorde pas assez d’importance à la justice ».
Il est clair que le CSM joue un rôle décisif dans l’indépendance des magistrats. A l’en croire il est déterminé à améliorer les conditions de travail au sein des tribunaux, un facteur non négligeable pour garantir un Etat de droit dans une transition démocratique.