Par les temps qui courent, on se sent un peu rassuré quand on lit l’interview donnée par le nouveau président américain Donald Trump jeudi dernier au ‘’Wall Street Journal’’. Les deux idées principales développées par le président élu concernent la Syrie et la Russie.
Pour ce qui est de la Syrie, Trump semble déterminé à arrêter le soutien militaire et logistique à l’opposition syrienne ‘’modérée’’. Une telle décision ne sera sans doute pas du goût de l’Arabie saoudite, mais celle-ci n’est pas en mesure de contester les décisions de Trump ni même de le regarder droit dans les yeux. Avec le soutien massif mais vain qu’elle a déployé dans l’espoir de faire élire Hillary Clinton, avec les graves accusations et les menaces de poursuites judiciaires dont elle fait l’objet aux Etats-Unis, l’Arabie saoudite n’a d’autre choix que de faire profil bas et d’avaler les couleuvres.
Si Trump arrête, comme il le dit, son soutien aux terroristes qui mettent depuis cinq ans la Syrie à feu et à sang, il est fort improbable que l’Arabie saoudite continue de les soutenir contre la volonté du nouveau président, surtout qu’elle sait pertinemment qu’il est animé des pires intentions envers elle. Dans ce cas de figure, l’opposition syrienne, ‘’modérés’’ et extrémistes confondus, ne tardera pas à être aux abois et le peuple syrien verra enfin le bout du tunnel.
L’autre idée principale développée par Trump dans son interview concerne les relations avec la Russie. Là aussi, le président élu a fait naître l’espoir d’une baisse de tension dans les relations internationales et d’un éloignement du spectre d’une troisième guerre mondiale, forcément nucléaire.
Prenant le contre-pied d’Hillary Clinton, une femme pathologiquement antirusse, Trump a réaffirmé son intention de coopérer avec Poutine et de travailler avec lui sur la résolution des problèmes qui ont gravement perturbé les relations russo-américaines au point de mettre en danger la paix mondiale. Cet espoir a été renforcé lundi 14 novembre par l’entretien téléphonique qu’ont eu les deux hommes et dans lequel ils ont confirmé leur volonté commune de coopérer.
Dans la longue histoire de l’inimitié soviéto-américaine de 1917 à 1990 et américano-russe de 1990 jusqu’à ce jour, c’est la première fois que le monde constate avec soulagement et espoir, n’en déplaise aux boutefeux et autres théoriciens de « l’anarchie créatrice », que les deux présidents des deux grandes puissances partagent la même vue sur un certain nombre de questions vitales dont dépendent l’avenir non seulement du Moyen-Orient et du monde arabe, mais l’avenir du monde tout court.
Quand les deux présidents des deux plus grandes puissances ont les mêmes idées sur les dangers que représente l’islam politique, sur les désastres innommables provoqués par les terroristes en Irak, en Syrie, en Libye et ailleurs, et quand ils sont d’accord sur la nécessité d’établir entre les Etats-Unis et la Russie des relations de coopération et non de confrontation, alors on pourrait dire que beaucoup de foyers de tension seront éteints, l’hydre terroriste sera étouffée et le monde prendra le chemin de la stabilité tant recherchée.
Quel pays osera contester la volonté commune russo-américaine de combattre le terrorisme et d’œuvrer ensemble à la résolution des problèmes qui déchirent le monde ? Aucun, c’est incontestable. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de danger qui rôde autour de cette volonté de rapprochement russo-américain ni de complots qui se trament pour faire revenir les deux pays à leur traditionnelle inimitié.
En fait , le danger vient de l’intérieur des Etats-Unis. Les néoconservateurs et le complexe militaro-industriel dont l’intérêt vital réside dans la guerre permanente ne jettent pas facilement l’éponge. Certes, ils ruminent encore leur immense frustration face à la défaite de Mme Clinton qu’ils ont soutenue par tous les moyens possibles et imaginables. Mais ils ne se sentent pas vaincus et tentent de faire infiltrer leurs représentants dans la prochaine administration Trump.
L’un de leurs sous-marins qu’ils désirent ardemment voir nommé au poste clé de secrétaire d’Etat est John Bolton. Pour ceux qui ne connaissent pas ce type, disons qu’il était un très proche collaborateur de George W. Bush et de son vice-président Dick Cheney, qu’il était l’un des plus fervents partisans de l’invasion de l’Irak. Et alors que les troupes américaines étaient enlisées en Irak et que la guerre confessionnelle battait son plein en 2006 entre sunnites et chiites irakiens, John Bolton et ses amis néoconservateurs faisaient un intense lobbying pour une autre guerre, contre l’Iran cette fois, en préconisant le bombardement de Téhéran.
Tel est le type que les néoconservateurs tentent de faire glisser parmi les membres de la prochaine équipe gouvernementale qui se mettra en place après le 20 Janvier 2017. Des voix s’élèvent déjà aux Etats-Unis pour mettre Trump en garde contre le « serpent » Bolton aux morsures venimeuses.