En marge du séminaire organisé, hier, par l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), sous le thème «L’implémentation d’une fenêtre islamique dans une banque universelle», Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), est revenu sur les avantages de la finance islamique.
Dans ce sens, il a rappelé que la finance islamique est disponible en Tunisie depuis les années 1970 mais elle demeure à ce jour limitée. Afin de la développer, une nouvelle loi (loi n° 48 du 11 juillet 2016) relative à l’organisation de ce mode de financement a été adoptée en juillet 2016.
Ainsi, il a affirmé que la BCT offre aux banques islamiques les mêmes conditions de fonctionnement mises à la disposition des banques traditionnelles tunisiennes, et ce, afin de garantir les exigences d’une concurrence loyale.
Toutefois, l’intégration de la finance islamique au sein des banques traditionnelles, via la création des fenêtres de services islamiques, permettra selon ses dires, de diversifier le produit bancaire et de varier le portefeuille de l’investisseur. Elle permettra également d’offrir aux clients de nouveaux services qui s’adaptent à leurs convictions.
De par ces avantages, le gouverneur a souligné qu’à travers l’émission des Sukuks islamiques, ce mode de financement peut être une source de financement pour les projets nationaux et gouvernementaux, notamment les projets d’infrastructure.
Et d’ajouter qu’il est très développé dans les grandes économies du monde comme la Grande-Bretagne et le Luxembourg, ainsi que dans des pays africains à l’instar du Sénégal. D’où il est temps, pour la Tunisie, de tirer profit des expériences étrangères.
Pour ce faire, la BCT multiplie les efforts afin de développer ce mode de financement. Elle est dans la phase d’étude d’une demande pour la création d’une nouvelle banque islamique qui sera lancée par un Tunisien résidant à l’étranger en partenariat avec des investisseurs étrangers.
Dans le même ordre d’idées, Raja Darghouth, directrice du contrôle permanent, a annoncé que la BCT est en train d’élaborer deux circulaires complétant la loi n°48.
Il s’agit d’une première circulaire qui sera publiée avant la fin de l’année 2016, définissant les opérations de la finance islamique, telles que El Mourabaha, El Istisna’a et El Moucharaka.
Et la deuxième, qui sera publiée courant le premier semestre 2017, présentera les conditions de l’exercice de la finance islamique, et ce, à travers les fenêtres de services islamiques.
En chiffres, la responsable a estimé que la Tunisie compte, à ce jour, 3 banques islamiques accaparant 7% du marché bancaire tunisien. Il s’agit d’Al Baraka créée depuis les années 70, Zitouna en 2010 et El Wifack International Bank en 2015.
Au plan international, le marché de la finance islamique représente environ 2 trillions de dollars, en croissance annuelle de 16 à 20%, dont 40% des transactions sont accaparés par les pays de Golfe, sachant que 500 banques islamiques et 300 fenêtres de services islamiques relevant de banques traditionnelles sont opérationnelles actuellement.