Près de six ans après la révolution, le tourisme, l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie du pays, est ces derniers temps en perte de vitesse. La chambre de commerce et d’industrie de Tunis a organisé, en collaboration avec l’Ecole universitaire de finance et de management IAE-Tunis, un séminaire sur le thème “ Le rôle du tourisme dans la promotion de l’économie nationale”. Ce séminaire a pour objectif d’évaluer la situation actuelle du secteur du tourisme, mais aussi la manière d’envisager les perspectives de son développement.
En Tunisie, le tourisme représente entre 7 et 10 % du PIB, soit plus de 500.000 postes d’emplois directs et indirects et environ 3 millions de Tunisiens vivant de ce secteur. Bien que ce secteur a un impact économique considérable, il fait face à de nombreuses difficultés. Mais la question essentielle est de savoir quel est son apport aujourd’hui dans la promotion de l’économie nationale ?
Mounir Mouakhar, président de la CCI, déclare : “ Le tourisme touche pratiquement tous les secteurs. Il a un impact direct sur l’artisanat, le commerce, l’industrie… Ce qui est important aujourd’hui est comment restaurer l’image de la destination Tunisie ». Selon lui, il faut comprendre que les habitudes du consommateur ont beaucoup changé d’où l’intérêt de diversifier les produits touristiques en mettant en valeur d’autres comme le tourisme médical, le tourisme gastronomique, saharien, tourisme de la pêche, de la randonnée…
« Place aux idées innovantes afin de se repositionner dans le paysage touristique international et de répondre aux attentes d’une clientèle assez exigeante », c’est ce que préconise le président de la CCI.
De son côté, Wissem Hakiri, maître-assistant en marketing, affirme que le tourisme balnéaire n’est plus d’actualité et qu’il est temps de penser à un nouvel axe. Elle précise dans ce contexte: “Aujourd’hui, nous avons des richesses culturelles. Le consommateur d’aujourd’hui n’est plus celui d’avant. On ne peut pas utiliser un ancien produit pour satisfaire des besoins nouveaux. Aujourd’hui, un touriste cherche l’authenticité et la spécificité. Il est dans l’exploration de nouveaux produits. Or nous avons tous les atouts pour les mettre en valeur”, explique-t-elle.
Pour sa part Abdelatif Hamam, directeur général de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), a mis l’accent sur les campagnes de sensibilisation en faveur des opérateurs économiques, des investisseurs potentiels et de la société civile…Et d’ajouter que certaines personnes tentent de donner une mauvaise image du secteur en semant le doute.
“ Le tourisme a toute sa place dans l’économie tunisienne. Sa valeur ajoutée est certaine », a-t-il assuré .
Et de poursuivre: “La destination Tunisie est reconnue et confirmée. Toutefois, il faut redoubler d’effort et travailler main dans la main. Beaucoup d’efforts sont consentis entre les différents ministères concernés pour faciliter les procédures d’octroi de visa aux ressortissants des pays qui représentent des marchés potentiels pour le tourisme tunisien comme la Chine, l’Inde… ».
Si une porte s’est refermée, mille autres s’ouvrent
D’après Mohamed Tahar Rajhi, président de l’Ecole universitaire de finance et de management, le diagnostic du tourisme tunisien montre bel et bien que le secteur est loin de bien se porter.
Il a, par ailleurs, souligné que malgré ses performances, le tourisme est le secteur le plus endetté. Pour faire face à cette problématique, la digitalisation pourrait présenter une issue. L’arrivée de nouvelles technologies a bouleversé le modèle traditionnel de l’industrie touristique. Il est aujourd’hui indispensable que cette dernière s’adapte aux nouvelles tendances de consommation et se tourne vers le digital. C’est une opportunité pour appréhender la relation client, le marketing et la vente.
Pour affronter la rude concurrence, il va donc falloir opter pour une stratégie comme la diversification du produit touristique tunisien et axer les efforts sur l’innovation.