Le Brixit et l’élection du président Trump en disent long sur le refus de la mondialisation. Peut-on cependant en finir avec ce phénomène ? Et a-t-on un quelconque intérêt à le faire? Ne doit-on pas penser à instaurer plutôt une mondialisation juste et équitable ?
Il s’agit du sujet du jour. Tous les médias en parlent depuis notamment le vote des Britanniques pour une sortie de l’Union Européenne, appelée Brixit, (référendum du 23 juin 2016) et notamment l’élection de Donald Trump à la magistrature suprême aux USA (8 novembre 2016).
Ces deux événements marquent, selon nombre d’experts et de commentateurs, un désir ardent de certaines nations de sortir d’une mondialisation rampante synonyme de nombreux dégâts : développement de l’émigration, perte d’emplois, délocalisation d’entreprises, insécurité,…
Ils sont conjugués à d’autres événements comme la montée de mouvements « souverainistes ». Comme le Front National en France qui appelle à son tour à la sortie de l’Hexagone de l’Union Européenne (25% des voix aux élections européennes de 2014).
Comment limiter la libre circulation des biens et des services, des capitaux et des hommes ?
Avec partout la même thérapie : une limitation de la libre circulation des biens et services, des capitaux et des hommes. Une thérapie qui entend instaurer en conséquence des taxes douanières, une « reterritorialisation » de la production et à donner la priorité aux recrutements des nationaux.
Reste à savoir si au rythme où va le monde cela serait possible. Car, il est à craindre que cette « démondialisation » si elle venait à être appliquée ne donnerait que le contraire des objectifs tracés.
Beaucoup s’étonnent, en effet et d’abord, sur les chances de mise en place d’une telle politique, née d’une crainte de pouvoir « dompter » un vécu à leurs yeux alarmant. Et l’on ne peut, ici, que se rappeler l’image du boomerang qui arrive souvent à surprendre et blesser celui qui le lance.
Le développement technologique (comprenez surtout les nouvelles technologies nées de la convergence), des transports et du savoir peuvent-ils favoriser un retour en arrière ?
Peut-on imaginer un instant que des investissements et des stratégies conçus pour la conquête de grands marchés (de millions d’habitants) accepteraient demain de se lancer dans la conquête de marchés locaux aux limites bien tracées ?
Les défenseurs de la « démondialisation » se doivent de revoir leur copie
Cette limitation ne brime-t-elle, par ailleurs, des efforts entrepris depuis des siècles pour aller toujours plus loin et n’engage-t-telle pas de nombreux opérateurs à faire du sur place ? On sait que les taxes n’ont jamais encouragé les investisseurs à l’innovation et n’ont jamais fait bon ménage avec l’adaptation à des goûts sans cesse mutants.
En d’autres termes, on ne se souciera plus de satisfaire des publics dont les besoins et attentes ne changent pas au rythme de l’évolution mondiale. Des publics qui ont toujours vécu dans un carcan bien défini ?
Le protectionnisme ne nuit-il pas à des industriels qui ont toujours besoin d’une main-d’œuvre moins chère, des matières premières introuvables ou des produits impossibles à fabriquer dans leurs pays ?
Que fera-t-on, par ailleurs, de ces milliers de sièges d’avion conçus pour transporter les investisseurs et les commerciaux, de ces centaines d’universités nées d’un souci de favoriser « l’exportation » de cadres devenus internationaux employés aujourd’hui à Alger, demain à Brazzaville ou encore à Denver et de ces centres de recherche qui ne peuvent se satisfaire de marchés exigus… ?
Comment fera-t-on de ces millions de dollars qui traversent chaque jour en un clic des milliers de kilomètres ? Ou du moins une partie d’entre eux. De ces milliers d’entreprises financières qui s’adonnent à ce commerce souvent combien salvateur pour des milliers d’investisseurs internationaux ? Autant de questions et bien d’autres qui obligent les défenseurs de cette « démondialisation » à revoir leur copie.
Car, les actions mal réfléchies et surtout nées d’une peur de ne pas suivre les évolutions qui se dessinent ou qui sont le fruit d’un refus de l’Autre – des études ont bien montré que l’essentiel des supporters du président Trump, par exemple, ne sont pas allés plus loin que le lycée, qu’ils sont des adeptes de la « vieille » économie, donc réfractaires aux technologies de l’information et sont gagnés par des credo économiques « nationalistes » donnant à l’Etat un rôle de régulateur pour défendre les emplois au détriment de tout et….donnant la primauté à l’ « identité blanche » qu’ils estiment discriminée – ne peuvent toujours mener bien loin.
Cela n’autorise pas toutefois que l’on se doit d’accepter les « affres » – terme de plus en plus utilisé – d’une mondialisation qui laisse beaucoup de personnes sur le bord de la route. La volonté d’instaurer une mondialisation juste et équitable est en effet bien nécessaire.
Et c’est donc aux régulateurs de l’économie mondiale et aux opérateurs du Nord comme du Sud d’imaginer des « sorties de crise ». Car, la mondialisation est bel et bien en crise. Et l’on ne peut à son endroit pratiquer la politique de l’autruche.
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