Sept jours nous séparent de la tenue de la Conférence internationale sur l’investissement, prévue pour les 28 et 29 novembre. Qu’en pensent les économistes ? Ezzedine Saidane et Nabil Abdellatif nous livrent leurs pensées.
Pour l’économiste et financier Ezzedine Saidane, il s’agit de répondre à deux questions différentes. En premier lieu, est-ce qu’on doit tenir la conférence malgré tout ? Et en second lieu, la Conférence internationale sur l’investissement pourra-t-elle tenir toutes ses promesses?
A ces deux questions, l’économiste a considéré que certes la Tunisie passe par une période de transition qui n’a que trop duré, « mais nous n’avons pas le choix et il faut avancer malgré toutes les contrariétés. Il y a une possibilité pour que ça débouche sur quelque chose de positif», avance-t-il.
Il estime que pour une conférence qui a été retardée deux fois, il n’est pas possible de la retarder une troisième fois. « Il faut y aller malgré tout, car des efforts considérables ont été déployés par le gouvernement tunisien par des moyens humains et des moyens financiers qui ont montré le sérieux de la Tunisie », affirme-t-il.
Quant à la réalisation des objectifs de la conférence, sur ce point l’économiste déclare : « Je n’en suis pas si sûr », indique-t-il. Et de préciser que « dans cette conférence, il y aura trois parties différentes : le bilatéral (des Etats qui vont intervenir), les institutions financières et les investisseurs privés. Je pense que nous aurons les meilleures chances et opportunités avec le bilatéral et les institutions financières. Par contre, il sera très difficile de convaincre les investisseurs privés », constate-t-il.
Pourquoi cela ? L’économiste a expliqué que l’investisseur privé prend en considération, avant d’investir, plusieurs paramètres, à savoir « les difficultés pour passer une loi de finances, les risques de grève générale et le nombre d’entreprises étrangères qui ont quitté le pays et, qui plus est, il va s’étonner de constater que l’investisseur local n’est pas en train d’investir ». Pour les institutions financières et le bilatéral, ils seront intéressés par le financement des projets et non par l’investissement en soi, ce qui va remettre sur le tapis l’entité de notre endettement .
Pour Nabil Abdellatif, président d’honneur de l’Ordre des experts-comptables de Tunisie, il reconnaît que la Conférence internationale sur l’investissement va se dérouler dans une conjoncture mondiale difficile, surtout après les élections américaines et françaises avec toutes les répercussions possibles sur la région et dans un contexte national très difficile : beaucoup trop de tractations concernant la loi de Finances 2017. La tension entre le gouvernement, l’UGTT et l’UTICA ne promet rien de bon. Cependant, cela n’a pas empêché l’enregistrement d’un très grand nombre de participants : « Soit dit en passant, le prix des stands est beaucoup trop élevé », remarque-t-il.
A notre question si la conférence a des chances de tenir toutes ses promesses, notre interlocuteur a rappelé que cette conférence n’est qu’une déclaration d’intention. « Nous comptons beaucoup sur les investissements souverains. Pour les multinationales ce n’est qu’un premier round en attendant la confirmation de leurs Conseils d’administration ».
Sur un autre volet, il a indiqué qu’il est hors de question et inconcevable de reporter la Conférence à ce stade d’avancement. « Le report ne pourra être que contre-productif. Cette conférence il faudra la tenir quelles que soient les contraintes.», conclut-il.