Tel est le thème d’une table ronde organisée aujourd’hui à Tunis par Alumini Carthage où les intervenants ont bel et bien disséqué la situation de l’immobilier en Tunisie. Zoom sur un secteur stratégique…
Lors de son intervention, le président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers, Fahmi Chaâbane, a brossé un tableau peu enchanteur de la situation du secteur. D’après lui, le secteur fait face à des problèmes exogènes qui empêchent son essor.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis les années 90 jusqu’à 2010, les promoteurs immobiliers construisaient quelque 14.500 foyers annuellement. Après 2010, ce nombre a chuté pour atteindre 4000 foyers par an.
Cette régression s’explique par plusieurs paramètres : la hausse vertigineuse du prix des terrains.« Le prix de certains terrains a été multiplié par vingt», indique-t-il.
Cette hausse s’explique aussi par l’absence de main-d’œuvre qualifiée et même non qualifiée, ce qui pousse les promoteurs immobiliers à recruter des bâtisseurs étrangers. De même, l’intervenant a regretté que certaines matières premières ne sont plus disponibles en Tunisie, ce qui incite les promoteurs immobiliers à les importer en devises.
Ainsi pour couvrir les charges, les promoteurs immobiliers se trouvent obligés de se tourner vers le créneau haut standing « étant donné que le logement social n’est pas assez rentable », indique Fahmi Chaâbane. La dépréciation du dinar tunisien vient accentuer la problématique de l’importation de matières premières. L’augmentation des charges est estimée de 20 à 30%. En outre l’Agence foncière d’habitation n’a plus assez de réserves foncières. Concernant le financement, il a salué le rôle de la Banque de l’Habitat « qui a aidé plusieurs Tunisiens à acquérir leur logement ».
Il a soulevé également l’existence de plusieurs problèmes administratifs, notamment l’obtention de l’autorisation de bâtir dont les délais atteignent souvent une année.
De son côté, Ahmed Rjiba, Directeur général de la Banque de l’habitat (BH), est revenu, lors de son intervention, sur le volet du financement. Il a estimé que le programme « Premier logement » décidé par le gouvernement a pour but de faciliter à la classe moyenne l’accès au logement. Il a indiqué que l’Agence foncière de l’habitat travaille sur de nouvelles zones afin de réduire les coûts de l’habitat.
Répondant à notre question sur l’efficacité du programme, le DG de la BH a indiqué que ce programme permettra, dans les limites du possible, d’améliorer l’accès des Tunisiens au logement.
Quant aux habitations ou des terrains acquis par des étrangers, cela ne constitue pas un problème du moment que ces derniers ne vont pas concurrencer les Tunisiens car leur créneau de prédilection ce sont les logements de haut standing qu’une bonne majorité de Tunisiens ne peuvent se permettre d’acquérir.
De son côté, Amina Jegham, architecte en chef à la Direction de l’urbanisme au Ministère de l’Equipement et de l’Habitat, est revenue sur la nécessité de réformer le Code d’aménagement du territoire et de l’urbanisme (CATU). Elle a indiqué que le nouveau code prendra en considération la situation des villes tunisiennes et leur répartition géographique et qu’il a été conçu en tenant compte des recommandations.